Embarquez avec moi pour une échappée œnologique en Géorgie. Venez découvrir ce qui se cache derrière ces vins Géorgiens trop méconnus en Europe.
Les chaos de la politique des 15 dernières années, n’ont d’égal que les nids de poule de la route qui nous mène à Tbilisi. Mais les choses s’apaisent et s’organisent.
La Géorgie offre une grande diversité des zones naturelles et climatiques, se répartissant en trois grandes régions. On y trouve :
Au nord, le Grand Caucase, frontière naturelle avec la Russie et qui s'étend de la mer Noire à la mer Caspienne. Le mont Chkhara (alt 5068 m) est le plus haut sommet de Géorgie. Le Grand Caucase est difficilement accessible et ses vallées sont peu peuplées.
Au sud, le Petit Caucase est composé d'un haut plateau volcanique. Le relief y est nettement moins accidenté. Les sommets atteignent rarement les 3300 m.
À l'ouest, la plaine de Colchide, riche région agricole, bordée par la mer Noire.
Géographie :
Terre diversifiée, propice par ses terrains et micro-climats a grande variété de produits viticoles. Le savoir-faire y est incomparable, et offre des vins bien équilibrés, fins, aromatiques et au gout très agréable.
Vins géorgiens : les différents cépages
Quelque 525 variétés de cépages sont recensées dans cette ancienne république soviétique et une quarantaine sont aujourd'hui cultivées industriellement.
Le plus commun et le plus qualitatif d'entre eux, le "Saperavi", "à une structure tannique puissante, il est très aromatique, donc facile à appréhender pour le consommateur. À noter également le “Moukouzani” dans la même gamme de puissance.
En revanche, d'autres sont beaucoup moins répandus : l'"alexandeouli" de type grenache, l'"aladastruri" très coloré type petit verdot, l’odjalechi et le "rkatsiteli" blanc de type chardonnay et le « tsinandali », cultivés pour révéler et utiliser leur singularité et ajouter un grain de folie à cette symphonie viticole.
C’est une redécouverte des anciens cépages et de nouveaux vins sont produits que personne n'a plus goûtés depuis 50 ou 100 ans.
Le pays, grand comme deux fois l'Aquitaine, se partage en deux régions viticoles distinctes : l'ouest, proche de la mer Noire, où sont cultivés des vins blancs et rouges étonnamment sucrés, dits "semi-doux", et l'est qui produit des vins secs pareillement des deux couleurs.
La production est consommée à 60% localement ; le reste est exporté majoritairement vers la Russie, mais aussi les États-Unis ou la Chine.
Autre particularité de la viticulture géorgienne, l'élevage du vin de manière traditionnelle en amphores de terre cuite, les Qvevri, enterrées dans le sol.
Les vins y sont conservés pendant plusieurs mois. Une technique classée au patrimoine mondial par l'Unesco en 2014, mais qui représente seulement 2% des 12.000 hectolitres produits.
Au contraire du bois, la terre cuite n'ajoute aucun goût au vin, mais aide uniquement au développement des arômes fruités et des tannins.
Histoire de la Vigne en Géorgie
La viticulture géorgienne n'est pas seulement une tradition, c'est une histoire vieille de 8 000 ans qui fait de la Géorgie l'un des plus anciens berceaux du vin au monde.
Les fouilles archéologiques montrent que le peuple géorgien cultivait déjà la vigne et produisait du vin à l'époque néolithique.
Dans des villages comme Shulaveri, des fragments de poteries avec des résidus de vin ont été retrouvés, prouvant que les premiers vignerons de la région étaient actifs dès 6 000 avant J.-C. !
Imaginez : pendant que l'humanité apprenait à manier le bronze, les Géorgiens perfectionnaient déjà l’art de la vinification.
La vigne et le vin ont également une grande importance symbolique en Géorgie. Dans la culture géorgienne, le vin est souvent lié aux traditions religieuses et sociales.
Les célèbres amphores en terre cuite, les Qvevri, sont encore aujourd’hui utilisées dans des rituels, symbolisant la fertilité et la renaissance. Les moines chrétiens géorgiens ont également joué un rôle majeur dans la préservation de ces techniques anciennes pendant des siècles, notamment dans les monastères perchés sur les montagnes du Caucase.
Cette riche histoire, profondément enracinée dans la terre géorgienne, fait du vin non seulement une boisson, mais un véritable patrimoine vivant, transmis de génération en génération.
Chaque verre de vin géorgien est donc bien plus qu'une dégustation : c'est une plongée dans 8 000 ans d'histoire, une connexion avec des traditions millénaires qui ont résisté aux empires, aux invasions et aux régimes politiques successifs.
Un œil vers l’avenir du vin géorgien
Aujourd'hui, après des décennies d’instabilité politique et économique, la Géorgie vit une renaissance viticole.
Les vins géorgiens, autrefois confinés à la consommation locale ou à l'exportation vers les pays de l'ex-URSS, sont désormais appréciés sur les tables du monde entier. Des marchés aussi éloignés que les États-Unis, la Chine, ou encore l'Europe de l'Ouest, commencent à découvrir ces cépages uniques et ces méthodes de vinification ancestrales.
Cette ouverture internationale s'accompagne de nouveaux défis et opportunités. Des producteurs locaux ont modernisé leurs installations pour répondre aux normes internationales tout en préservant les méthodes traditionnelles comme l'utilisation des Qvevri.
On assiste aussi à une véritable effervescence dans le secteur : des jeunes vignerons géorgiens lancent des projets innovants, alliant tradition et modernité, tout en valorisant des cépages oubliés, certains n'ayant pas été cultivés depuis des siècles. Ces nouveaux vins apportent une fraîcheur et une diversité qui séduisent un public de plus en plus large.
En parallèle, la Géorgie se positionne comme une destination de tourisme œnologique en plein essor. Les visiteurs étrangers viennent de plus en plus nombreux pour goûter aux vins locaux, découvrir les paysages pittoresques des régions viticoles et plonger dans l’histoire fascinante du pays.
C'est un secteur en pleine expansion, qui attire non seulement les amateurs de vin, mais aussi ceux en quête de culture et d’authenticité. Et dans un monde où l’authenticité devient une valeur de plus en plus recherchée, la Géorgie a tout pour devenir une destination phare de l’œnotourisme mondial.
L’expérience du voyageur œnologique
Si vous avez la chance de vous rendre en Géorgie, préparez-vous à une aventure gustative hors du commun ! Que vous soyez un amateur de vin averti ou simplement un curieux, le tourisme œnologique en Géorgie offre une expérience mémorable.
Imaginez-vous traverser des vallées verdoyantes, où les vignobles s'étendent à perte de vue, et où les montagnes du Caucase dessinent une toile de fond époustouflante. Vous arrivez dans une petite cave familiale, où le propriétaire, un vigneron passionné, vous accueille chaleureusement. Ici, le vin n'est pas seulement un produit à vendre : c'est une fierté locale, une tradition partagée. Autour de vous, les Qvevri sont enterrés dans le sol, comme des témoins silencieux d’une méthode de vinification pratiquée depuis des millénaires.
On vous propose de goûter un Saperavi directement tiré des amphores, avec ses arômes puissants de fruits rouges et ses tannins bien structurés. Ensuite, vous essayez un vin blanc traditionnel, vieilli dans un Qvevri, un vin orangé unique, aux notes d'abricot et d’épices, bien différent des vins blancs que l’on trouve habituellement en Europe. Les saveurs sont surprenantes, riches et complexes. Vous avez l’impression de voyager dans le temps, dégustant des vins dont les recettes ont été transmises à travers les âges.
La soirée se termine autour d’un banquet traditionnel, une "supra", où le vin coule à flot, accompagné de chants polyphoniques géorgiens. Le vin, ici, est une célébration de la vie, un élément central des festivités.
Vous repartirez avec des souvenirs inoubliables et, probablement, quelques bouteilles sous le bras pour continuer le voyage une fois rentré chez vous.
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