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Photo du rédacteurAlain Mihelic

La Chasse et la Pêche en Russie

Dernière mise à jour : 16 oct.

Pas de Russie sans le folklore qui entoure chasseurs et pêcheurs. Ils sont très nombreux, et ils ont à leur disposition le plus grand terrain de jeux du monde.

Parmi les meilleurs films-comédies russes, les péripéties des chasseurs et pêcheurs sont au zénith, témoin ce petit bijou :


особенности национальной охоты


Ces fréquentes réunions d’amis, loin des contraintes habituelles, sont portes ouvertes, a grande liberté. Les provisions de toutes sortes sont accumulées pour ces voyages au long cours : du liquide, du solide, du deux pattes, du quatre pattes, du deux jambes.

Les zones d’exploits sont règlementées et gérées par des sociétés agissant sous le couvert des autorités militaires ou de l’administration locale.


Grosse Organisation nécessaire également au niveau transport, les distances sont toujours considérables et l'éloignement des sites oblige en général, outre l'avion, a prévoir hélico vers les zones propices.

Héli-cargo vers les régions isolées et giboyeuses
Héli-cargo vers les régions isolées et giboyeuses

Les zones de pêches réputées : Volgograd, Astrakhan


Pour la chasse : pléthore de choix en fonction des saisons et des gouts : les oies, canards (à Mourmansk et Naryan Mar sur la mer de Barents, Arkhangelsk sur la mer Blanche),


Les Oies sauvages et le groupe de chasseurs
Tir Goupé à Naryan Mar près de la Mer de Barents

un peu partout, les cervidés, le sanglier, l'ours et l’élan.



Chasseur sur sa proie
Igor sur son Char, au Kamtchatka

A 250 kilomètres au nord de Moscou, je suis convié par des amis, vers fin octobre 2017.

Cette région est particulièrement riche en gros gibier et se targue de rassembler la plus grande population mondiale d’élans.


Vers l’aventure au Galop :


L’avant-veille de la partie, vérification sans le dire, par les copains, de mes capacités au tir, au fusil à lunette. Veulent surement pas paraitre ridicules devant les pros, au cas où je rate tout ou que je m’évanouisse d’émotion.


Départ tôt le matin, avec armes et sans bagages, car c’est pour un retour dans la soirée, mais on embarque moult glacières, l’optimisme aidant.

Dans mon imaginaire de néophyte, l’épreuve doit être physiquement rude, faite de crapahut, de portage, de marais, de silences, de chuchotements, d’ «épiements» discrets, d’écoutes attentives. Bref, je me prépare avec sérieux à l’effort, presque à la guerre.

Arrivés à pied d’œuvre, présentations, thé de bienvenue, éclaircissements, explications sur l’organisation, revue des vêtements et bottes, vérification des fusils, composition des équipes.

Départ vers le garage avant transfert vers le terrain. Le véhicule de transport est un animal hybride, croisé Lada Niva et Camion 50 tonnes, le Big Foot de service est avancé.


C’est Monster Truck, pour la Monster Jam qui se prépare, Auto-trial prêt à sauter par-dessus les haies, les routes, acrobaties assurées, mais pas rassurantes. Montée par une échelle métallique branlante. À l’intérieur, pas de fioriture, mais arceaux de sécurité. Je débute en spectateur, assis peinard à l’arrière, à lorgner le paysage : étangs, marigots, steppe d’herbes très hautes, type joncs, jaunies, entre coupée de bois de feuillus. Nous glissons sur cette mer herbeuse doucement, sans a coups, vitesse réduite, mais constante, l'eau jusqu'au moyeu du monstre. Observation.


Je m’attends à chaque instant à un arrêt pour commencer la traque pédestre. Rien, ça roule toujours. Détection d’un couple d’élans et leur petit de l’année à 400 mètres. Les bêtes lèvent la tête, mais ne sont pas inquiètes. Elles sont gigantesques, ça doit taper dans les deux mètres au garrot et trois mètres redressés en bout de bois. Les bois des mâles sont deux immenses mains aux doigts écartés, comme une invitation.


Gros Gibier : l'Elan, appelle aussi Caribou
Prise d'Elan

Approche lente. À 200 mètres, elles décident tranquillement de se mettre à couvert dans la foret proche. On continue d’arpenter la savane. Au dépassé d’une haie, nous tombons à 40 mètres d’un groupe de quatre adultes et deux petits.

La voiture s’arrête, les animaux, curieux, n’ont pas bougé, le tireur arme, vise à peine, l’un des petits s’abat net, le groupe s’échappe.

La voiture s’approche, une corde est passée autour du cou de l’animal et reliée au crochet arrière. Nous rentrons vers le point de rassemblement.... euh... on marche quand ?


C’est à moi de jouer. La promenade motorisée reprend, un peu lancinante, une demi-heure, je suis distrait, presque assoupi, quand tout à coup, on s’arrête, chuchotements à mon endroit, ah, je les vois à 130 mètres, ils sont trois à nouveau.

On m’explique la technique : tranquillement sortir sur le marchepied, m'appuyer sur le toit, viser la base du cou, je m’exécute et de même pour l’animal. Il fait 20 mètres en courant et tombe. Nous allons le cueillir comme l’autre, à la corde. Chemin de retour, j’observe ma victime qui serpente derrière nous dans l’eau.

Nouvel arrêt. Cette fois, c'est un sanglier trop occupé, à 30 mètres sur un talus, à fouiller l’humus dans un petit bosquet. Pas trop envie de le tirer, déjà assez de viande. Je me fais injurier par l’équipage. Mais tire donc ! Bon, soupir, même punition pour le gourmand, il tombe net. On traine les deux corps vers le lieu de dépeçage.


L'elan tracté par le Lada modifié
Lada de Course adaptée tous terrains

Quand nous arrivons, la première bête est totalement découpée, désossée, réfrigérée. Les spécialistes se jettent sur les nouvelles proies.

Nous remplissons nos boites, thermos, conteneurs et sacs isothermes. L’élan, c’est 140 kilos net de viande et le sanglier 40 kilos. Retour au siège de l’administration du territoire de chasse.


Pot de circonstance, réjouissances mesurées, sauf au niveau du nombre de verres et de degrés, les chasseurs sont gens agréables, et habitués à ces réunions de bravoure où on échange souvenirs de campagne et exploits de « bravitude » armée.

Trophées gigantesques, omniprésents sur les murs et tous d'un intérêt particulier : défaut de la ramure, replis inattendus, inflexions anormales.


Mais pendant ce temps, les toasts et les verres défilent qui ne sont pas bénins. De notre équipe, je lutte seul contre forte partie le verre à la main. Enfin, il était temps : les adieux. Je marche encore, mais il faut m’aider à retrouver la voiture.

Récupération rapide. En route, instructions vers la maison : commander d’urgence un congélateur d’appoint.


un chasseur chassé
"Derniere Photo" !!

Russie, Pêche et  humour
La Pêche : un Sport de combat

Je n'ai pas vécu en France une telle confraternité entre les chasseurs. Elle existe surement, mais elle est ici très marquée et si démonstrative !


Petite Conclusion :


Mais quel cadeau que de se retrouver face à une bête sauvage, toute libre et inconsciente, pas craintive pour un sou. Spectacle inouï et magique et rare.


Peut-être seule la Russie peut-elle encore aujourd’hui offrir cette proximité avec l’animal, souverain dans son habitat, sans la peur, sans la traque et la surprise, l’animal, dans sa puissance, sa beauté, avec des étonnements dans les regards et la curiosité aussi.


Petit comparatif de la pratique de la chasse en Russie et en France


Le climat et les paysages russes jouent un rôle crucial dans l’expérience. Les conditions extrêmes, le froid mordant, les vastes forêts, les steppes sans fin, et la faune si particulière (élans géants, ours bruns) rendent la chasse en Russie non seulement unique, mais aussi épique et pleine de défis. La sensation d’être à la merci de la nature y est beaucoup plus marquée que dans d’autres parties du monde, où l'on peut se sentir en terrain connu.

Cette comparaison met en valeur le caractère à la fois traditionnel, brutal et grandiose de la chasse en Russie, tout en la contrastant avec d'autres régions où les pratiques diffèrent, que ce soit sur le plan logistique, culturel ou environnemental.

La gestion de la chasse en Russie et en France présente des similitudes en matière de réglementation stricte et de conservation, mais elle diffère largement en termes de pratiques, d'organisation et d'objectifs écologiques. Voici une comparaison détaillée des deux approches :


1. Réglementation et gestion des espèces


En Russie :

La chasse en Russie est soumise à une réglementation stricte, mais elle est fortement influencée par l’immensité du territoire. Avec des millions de kilomètres carrés de terres sauvages, la Russie abrite des écosystèmes vastes et diversifiés, comprenant de nombreuses espèces de grand gibier, comme les élans, les ours, et les sangliers.

La gestion de la chasse repose souvent sur un système de quotas, délivrés par les autorités locales ou régionales.

Les saisons de chasse sont déterminées selon les cycles de reproduction des animaux pour permettre le renouvellement des populations. Les zones de chasse sont réparties entre des sociétés de chasse privées ou gérées par l'État, qui travaillent en collaboration avec les autorités militaires ou administratives locales, surtout dans les régions reculées. Cela inclut souvent des infrastructures complexes pour transporter les chasseurs vers les zones éloignées, nécessitant parfois des hélicoptères ou des véhicules spécialisés.


En Russie, certaines régions ont également des réserves naturelles où la chasse est strictement interdite. Les sanctuaires de faune sauvage, comme les parcs nationaux, servent à protéger des espèces menacées et à promouvoir la biodiversité.


En France :

La France possède un cadre législatif bien structuré pour la gestion de la chasse, principalement orchestré par la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Le système français est plus centralisé que celui de la Russie et repose sur des lois claires qui régissent les saisons de chasse, les espèces chassables et les territoires autorisés. Comme en Russie, la France utilise des quotas, mais ceux-ci sont généralement plus spécifiques et détaillés pour chaque région, en fonction de l'état des populations animales locales.


La chasse est également étroitement liée à la gestion des écosystèmes ruraux. Les chasseurs français sont souvent des acteurs de la gestion durable de la faune, jouant un rôle dans le contrôle des espèces qui pourraient devenir nuisibles, comme le sanglier, qui est responsable de nombreux dégâts dans les cultures agricoles. Les sociétés de chasse locales travaillent souvent avec des biologistes pour surveiller les populations animales et ajuster les quotas de chasse en fonction de la santé des écosystèmes.


En France, il existe également des réserves naturelles et des zones protégées où la chasse est interdite pour favoriser la conservation des espèces, mais l'accès aux territoires de chasse est généralement plus restreint et mieux délimité que dans les vastes étendues russes.


2. Accès au territoire de chasse


En Russie :

Les dimensions des territoires russes signifient que l'accès aux zones de chasse peut être extrêmement complexe et nécessite souvent une logistique sophistiquée. Les territoires de chasse sont souvent situés dans des régions inaccessibles par la route, obligeant les chasseurs à recourir à des avions ou des hélicoptères pour rejoindre leur destination.


Cela donne à la chasse en Russie une dimension d'aventure, presque "expéditionnaire", où la préparation et l'organisation sont des éléments cruciaux. La chasse se fait donc souvent dans des conditions extrêmes, dans des zones sauvages isolées, où la faune n'a pas l'habitude de croiser les humains, ce qui peut donner lieu à des observations spectaculaires.


En France :

En France, les territoires de chasse sont beaucoup plus accessibles, souvent situés à proximité des zones rurales. Les chasseurs accèdent généralement à leurs zones de chasse en voiture, et l'organisation logistique est plus simple. Le droit de chasse est étroitement lié à la propriété des terres. En effet, la chasse est un droit de propriété privée : seuls les propriétaires fonciers ou ceux ayant un permis de chasse dans une société spécifique peuvent pratiquer la chasse sur un territoire donné. La France compte un grand nombre de chasses communales et privées, gérées par des sociétés de chasse locales.


3. Culture et rôle social de la chasse


En Russie :

La chasse en Russie a une dimension sociale et culturelle très forte. C’est souvent une activité pratiquée en groupe, avec un esprit de camaraderie très marqué. Les expéditions sont l’occasion de renouer avec la nature, mais aussi de se retrouver entre amis ou collègues dans une ambiance conviviale et décontractée. Des banquets, des toasts et des histoires partagées autour du feu ou de grandes tablées marquent souvent la fin des parties de chasse.


Cette convivialité s’accompagne d’un certain attachement à la tradition. Dans certaines régions reculées, la chasse est encore perçue comme un rite de passage ou une manière de prouver son endurance et ses compétences face aux éléments. Il n’est pas rare que ces expéditions soient perçues comme un retour à une forme de masculinité traditionnelle, avec un lien profond à la nature et une résistance aux conditions extrêmes.


En France :

En France, la chasse a une importance sociale locale, en particulier dans les zones rurales. Elle est souvent vue comme une manière de maintenir des traditions et de préserver des écosystèmes, tout en renforçant les liens communautaires. Les chasseurs français participent activement à la gestion des espèces locales et à la protection des écosystèmes par des actions de régulation de certaines populations animales.


Cependant, la chasse en France a aussi des opposants, notamment de la part des groupes de protection des animaux ou des partisans de l’environnement, qui critiquent certaines pratiques. Ces tensions sont moins présentes en Russie, où la chasse est plus largement acceptée comme une tradition enracinée.


4. Types de gibier et gestion des espèces


En Russie :

La chasse en Russie se concentre sur une faune abondante, comme l’élan, l’ours, le cerf, le renard arctique, le sanglier, et les oiseaux migrateurs. La gestion de ces espèces est plus complexe du fait des migrations saisonnières des animaux à travers les vastes steppes et forêts. La Russie gère aussi des espèces rares, comme le tigre de Sibérie, qui bénéficient de protections extrêmement strictes.

Le climat extrême et les vastes zones inexplorées permettent également la reproduction naturelle des espèces sans intervention humaine, offrant un environnement de chasse proche de celui des premiers chasseurs-cueilleurs.


En France :

En France, le gibier est plus restreint mais bien diversifié : chevreuils, cerfs, sangliers, lapins, lièvres, faisans, perdrix, et canards. Le sanglier est un des animaux les plus chassés, car sa population en augmentation cause de nombreux dégâts agricoles. Les cervidés sont également très prisés, mais leur gestion est soumise à des quotas stricts.

La gestion des habitats naturels est primordiale en France, où les chasseurs collaborent souvent avec les agriculteurs et les écologistes pour maintenir l’équilibre entre la faune et la flore, tout en respectant les intérêts agricoles.


Conclusion :


En résumé, la chasse en Russie est caractérisée par ses vastes territoires sauvages, une logistique complexe et une tradition ancrée dans l'aventure et la camaraderie. En France, la chasse est plus accessible, plus réglementée, et orientée vers la gestion durable des écosystèmes locaux. Les deux pays partagent un objectif commun : préserver la faune et réguler les populations, mais leurs méthodes diffèrent en raison de la géographie, de la culture et des espèces présentes sur leur territoire.


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