Alain Mihelic
Les Garages post Soviétiques
Dernière mise à jour : 27 nov. 2021
En époque Soviétique, il n'y avait pas de voiture, donc pas besoin de garage.
On a donc construit les immeubles neufs, sans prendre en compte cette possible nécessité. Ce qui n'est pas aberrant d'ailleurs dans la mesure où le système visait à promouvoir le collectif plutôt que l’individuel.
En conséquence, lors de l’ouverture du pays, en 1991 et de l'afflux de véhicules qui a suivi, le problème de stationnement s'est clairement posé : comment garer sa voiture près de chez soi ? Comment la protéger des intempéries, en particulier l’ hiver ? et surtout, comment la préserver des malfrats en toute saison ?
Dans cette logique de se réserver une place de parcage, (qu'on entretiendra été comme hiver), et de se défendre des truands ou des déprédateurs, ily a la solution Garage en Dur !
Alors naîtront par million des cohortes de garages plus ou moins improvisés, autour des immeubles, sur les parcs et aires de jeu pour enfants, parfois dans des zones attribuées ou acceptées par l’administration. Et chacun venait, en fonction de ses moyens et de ses goûts, se construire un abri-char, qui en parpaing, qui en tôles ondulées, qui en plaques de métal planes, soudées en place, qui en fibrociment, qui en brique pour les plus audacieux.
Quelques Réalisations de ces temps Héroiques :

La préfabriquée en tôles ondulée ici au premier plan (photo ci dessus) a connu un franc succès, avec une moitié se soulevant pour permettre l’accès du conducteur. Riquiqui mais efficace.

Le conteneur maritime de récupération a connu son heure de gloire, mais il était cher et difficile à trouver. Tout au fond sur la photo ci dessus vous trouverez la version maçonnée (pour l'’élite).

En début de file à droite, remarquez la cheminée pour ce garage double. Résidence secondaire ?

L’uniformité des tons en un consensus détonnant. Et très sincèrement je trouve cela très esthétique.

ici, Ça fleure bon l’improvisation des moyens et des méthodes.

Ici la réalisation tient du coron des Houillères du Nord, en France, tous « alignés par soucis d’égalité ».
La fin d'une époque :
De ces constructions improvisees, il n'en reste aujourd’hui que très peu.
Il y a une dizaine d’années, l’administration a trouvé anormal, à la fois ces excès de liberté et cette pagaille organisée. Les trottoirs ont été graduellement nettoyés de leurs incongruités, les aires de jeu débarrassées de ces constructions disparates. Évacuations, destructions, asphaltage, gazonnage se sont succédés, et une première forme d'indépendance rognée. L’esthétique y a gagné sans aucun doute.

Garages dans le Grand Nord
Ces chancres sympathiques, ne subsistent aujourd’hui que dans de rares zones, éloignées des lieux d’ habitation. Elles servent encore de garage pour véhicules, mais surtout de dépôt, de bric à brac, et parfois d’ atelier estival.