Particularités des créativités russes et françaises
Quelques spécialistes remettent en question l'existence même de l'impressionnisme dans la peinture russe, considérant l'impressionnisme comme un mouvement purement français, et ses manifestations en Russie comme un pâle reflet de la peinture française.
Pourtant l'impressionnisme russe fut, non pas une imitation aveugle et servile des maîtres français, mais une sorte de symbiose, une fusion de différents mouvements à l’intérieur de cette nouvelle effervescence.
Sans aucun doute, les artistes russes ont appris beaucoup de choses nouvelles des impressionnistes français. Mais ils avaient aussi leur propre vision et des aspirations uniques.
La peinture des artistes russes, suit le credo des impressionnistes français, avec un amour pour les coups de pinceau libres et riches, le choix des coloris et le travail en plein air.
Mais, le travail des artistes russes se distingue par une soif particulière de brillance et d'agréable qu'ils recherchaient dans chaque objet, personnage ou paysage.
C’est grâce à ces objectifs particuliers que l'impressionnisme russe s'est répandu en Russie et a au total survécu plus longtemps qu'en France.
L’Emergence du Mouvement en Russie :
Avant la révolution, les représentants de l’intelligentsia russe étaient attirés par les réalisations occidentales et leurs nombreuses innovations. Les artistes n’y firent pas exception. Certains d'entre eux ont voyagé à l'étranger, y ont acquis expérience et, de retour au pays, ils ont continué à travailler avec les nouvelles techniques et méthodes apprises en chemin.
Très tôt les impressionnistes russes ont extirpé le noir de leur palette et ont commencé à utiliser des couleurs pures, éclatantes, proclamant la recherche de la beauté comme l'objectif principal de l'art.
Les impressionnistes russes, un instrument du pouvoir ?
A ses débuts, l'impressionnisme était principalement orienté vers les expressions du paysage et du portrait.
Les scènes de genre, n’étaient pas la norme, comme en France. Les artistes se tenaient éloignés de tout le social, pensant que les brillantes joyeusetés et exubérances de l'impressionnisme ne correspondaient pas à la dure vie en Russie.
Cependant, plus tard, l'impressionnisme est devenu le principal instrument pour figurer les travailleurs, leur travail et leurs loisirs.
Les artistes n'ont plus hésité à aborder les thèmes sociaux, mais tout en accordant toujours une grande attention à l’esthétique, à la transmission de la lumière et aux fluctuations de l'air dans le tableau.
Cette tendance fut particulièrement évidente après la révolution, ou la classe ouvrière est devenue le sujet principal des représentations. C'est là que l'optimisme particulier et l'affirmation de vie émanent de l'impressionnisme ont trouvé leur meilleur terrain d’ application.
A travers les tableaux impressionnistes, dans les travaux les plus durs et les difficultés de la vie, les gens voyaient dépeint cet avenir emmiellé qu’ils espéraient.
Certes, les autorités ont officiellement lutté contre l'impressionnisme, car après tout, il venait de l'Occident, donc potentiellement dangereux. Mais, il leur devint vite évident que ses réalisations picturales et plastiques, étaient bien adaptées pour refléter cette atmosphère de légèreté, de vacances nécessaires pour clamer les victoires de la révolution.
La révolution va cependant paralyser les velléités de nouveauté à l’intérieur du mouvement. Le cadre d’expression permis leur fut restreint.
Pour les artistes soviétiques, l’impressionnisme fut une sorte de limite à la liberté de création, le maximum auquel ils pouvaient prétendre en s'écartant du carcan du réalisme socialiste officiel.
La Longévité du Mouvement en Russie :
L’impressionnisme russe, contrairement au français, était très proche du réalisme. Il se caractérisait par moins d’éloignement du sujet et gardait plus de sens.
Dès sa naissance, il a su allier les influences extérieures avec l’évolution propre de l’Art Russe.
Ces différentes particularités expliquent partiellement la longue vitalité de l'impressionnisme dans la peinture russe.
Mais il faut noter que le mouvement, en Russie, a subi localement beaucoup moins de chocs et de coups de boutoirs et de remise en question que les impressionnistes français qui eux supportèrent les assauts des cubistes, des surréalistes, futuristes, dadaïstes, et autres istes.
En Europe et surtout à Paris, le bouillonnement d’idées nouvelles était au paroxysme.
On notera cependant que durant la période 1890 à 1930, les artistes Russes ont dérivé vers différents styles, les impressionnistes et post-impressionnistes russes tombant souvent dans d'autres genres artistiques, dont le cézannisme, le néo-primitivisme et le symbolisme russe.
Vers les années 1930, submergé par l’art officiel, délaissé par les autorités, l'impressionnisme russe fut lentement marginalisé et disparut de l'histoire locale de l'art.
Aujourd’hui on assiste à une reconnaissance tardive de l’impressionnisme en Russie.
Son importance historique pour la peinture russe et mondiale commence seulement à se révéler.
Je vous propose ci-dessous un :
Epitome de notre Musée Imaginaire :
Kondraty Artemyevich Savrasov (1830- 1897)
Savrasov est un pré-impressionniste, mais il a sa place dans ce court compendium, car il fut précurseur : à travers lui, le lyrisme et l'amour sans limite pour la terre natale sont apparus dans la peinture de paysage. Il fut le maitre d’artistes de premier plan comme Korovine, et Levitan.
Les freux sont de retour
Konstantin Alekseevich Korovine (1861 – 1939)
Dans un Parc. 1880
Musée de l’impressionnisme Russe
Konstantin Alekseevich Korovine était l'un des meilleurs étudiants de l'atelier paysager de Savrasov.
Il a appris de Savrasov à trouver la poésie et le lyrisme cachés dans des coins de nature apparemment anodins, à capturer correctement et à transmettre émotionnellement le sentiment de la vie dans un paysage.
Après le départ de Savrasov, la classe de paysage de l'école fut dirigée par l’illustre Vassily Polenov.
Korovine est souvent qualifié de«premier impressionniste russe ». En effet, de tous les artistes russes du tournant des XIXe et XXe siècles, c'est lui qui a le plus pleinement absorbé certains des principes de ce mouvement par une perception joyeuse de la vie, un désir de transmettre des sensations éphémères, à travers un jeu subtil de lumière et de couleurs.
Il n'y a pas d'intrigue ni de compositions intellectualisées dans ses peintures. Tout est peint directement de la vie réelle. Tout est ensoleillé, plein de clartés et d'air, de sons et de couleurs étonnantes. Korovine était un coloriste naturel. Il croyait en la beauté du dessin direct. Le travail du pinceau de Korovine est libre et large, correspondant à sa perception du monde.
L'artiste a consacré de nombreux tableaux à la capitale française. Parmi ses œuvres les plus célèbres : « Paris. Boulevard des Capucines », « Paris. Matin » et « Rue de nuit ».
Paris. Boulevard des Capucines
Galerie Tretiakov
Son maitre Polenov a également parlé à ses étudiants de l'art des impressionnistes et leur a peut-être montré des photographies de leurs œuvres. Quoi qu'il en soit, Korovine a créé en 1883 une œuvre qui sera à juste titre appelée plus tard le « premier signe » de l'impressionnisme en Russie : le petit « Portrait d'une jeune fille de chœur ».
Portrait d'une jeune fille de chœur
Son héroïne, laide mais accrocheuse, rêve de quelque chose. Le peintre tente de transmettre son charme étrange à l'aide de jeux de lumière sur son visage, sa robe, son chapeau, le feuillage vert « esquissé » en arrière-plan.
Les portraits et scènes de genre de Korovine des années 1980 sont imprégnés de la volonté de résoudre des problèmes avant tout picturaux.
Le paysage occupe une grande place dans l’œuvre de Korovine, des vues spectaculaires sur la mer et la nature de la Russie centrale.
Le tableau « En hiver » (1894) représente un coin modeste et discret de la Russie. Mais il attire l’attention du spectateur par sa palette de couleurs complexe, bien que dépourvue d’effets externes, ses transitions subtiles de tons et une variété de techniques d’application de peinture.
En hiver
Korovine reste l’un des plus grands représentants de l'art russe, avant tout un merveilleux peintre-coloriste qui a créé une école d'art (Arkhipov, Yuon et bien d'autres artistes seront formés sous son influence), il fut aussi un grand maître des décors théâtraux. L'un de ceux qui ont acquis une renommée mondiale pour l'art russe des années prérévolutionnaires.
Vassili Dmitrievitch Polenov (1844-1927)
À l'été 1874, il travaille en Normandie a Veules-les-Roses , où il est invité par Ilia Repin. Polenov y découvre de nouvelles sujets pour la peinture de paysage (« Côte normande », « Bateau de pêche. Etretat . Normandie »).
En 1874, son tableau « Le droit du maître » est exposé au Salon du Printemps de Paris .
Il fut professeur à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou , où ses étudiants comprenaient I. I. Levitan , K. A. Korovine , I. S. Ostroukhov , A. E. Arkhipov , A. Ya Golovin et E. M. Tatevosyan .
En Crimée, 1912
Musée de l’impressionnisme russe
L’artiste s’est rendu à plusieurs reprises sur la péninsule, pour comparer la vraie nature criméenne avec celle représentée dans les toiles des grands artistes comme Ivan Aïvazovski et Isaac Levitan.
Dans le Ravin. 1879
Abram Efimovitch Arkhipov (1862 - 1930)
Abram Efimovich Arkhipov incarnait deux principes avancés de la peinture russe de la fin du XIXe - début du XXe siècle : au strict réalisme des peintres de genre itinérants (Voir explications en fin d’article), il ajoutait une passion pour la couleur et les nuances claires.
La passion d’Arkhipov pour la couleur était le désir naturel de l’artiste d’enrichir sa palette et d’améliorer sa technique artistique, en utilisant les réalisations picturales de la fin du XIXe siècle.
Femme assise
Une enfance difficile, la proximité de la paysannerie ouvrière, dont il est lui-même issu, ont conduit Arkhipov à être à jamais imprégné d'une profonde sympathie, de respect et d'amour pour les gens ordinaires.
Le peuple s’impose comme le personnage principal de ses créations.
Une passion innée pour la nature, pour la beauté, apporte une lueur d'espoir, un rayon de lumière et de soleil dans presque toutes ses œuvres, même les plus sévères.
L'artiste n'aime pas prendre des sujets exceptionnels, dramatiques, mais au contraire des sujets ordinaires, quotidiens. Dans cet environnement, il recherche une objectivité particulière de l’image, peut-être une protestation contre le système existant.
Une autre pensée est constamment présente dans ses œuvres : le travail est la noble base grâce à laquelle les personnes défavorisées, malgré toutes les épreuves qu'elles endurent, restent humaines. Des gens intérieurement riches et beaux.
L'artiste interprète ces instants de la vie comme un aboutissement de la perfection.
En 1889, Arkhipov peint le tableau « Le long de la rivière Oka », qui lui apporte un grand succès. Ici, comme dans presque toutes les toiles de l’artiste, sont représentés des paysans fatigués, plongés dans leurs épreuves.
Le long de la rivière Oka
Mais l’ambiance générale de l’image n’est ni désespérée, ni triste. De cette lumière éblouissante, des teintes dorées de l'eau, du large fleuve, de l'étendue, on respire la foi en l'avenir, la foi en ce peuple courageux, en sa force.
L’artiste a transmis ses rêves d’une vie meilleure pour les gens grâce à des effets de couleurs et de lumière, qui inspirent un optimisme mesuré.
Il a reproduit l'éclairage solaire non pas par des « teintes » artificielles, mais uniquement par une combinaison précise de tons, la transparence des ombres... Arkhipov a toujours observé de près comment la couleur changeait en fonction de l'éclairage et sélectionnait les peintures en conséquence. C'était un merveilleux coloriste.
Ses tableaux les plus symptomatiques : « Présidentes d'une fonderie de fer », « Reverse » (1896), « Dans l'atelier de masques » (1897) et, bien sûr, « Lavandières ».
Les Lavandières
Au cours des deux premières décennies du XXe siècle, Arkhipov est tombé passionnément amoureux des couleurs vives. Son coup est devenu large et libre.
Arkhipov fut l'un des dirigeants du VKHUTEMAS (Voir ci-dessous en fin d’article) et des Ateliers d'État d'art libre. Plastov, Ioganson et S. Gerasimov ont étudié avec lui.
Victor Elpidiforovitch Borissov-Musatov (1870-1905)
La biographie de cet artiste est modeste. Il n’y a pas de grandes étapes ni de changements spectaculaires. La gloire, les honneurs, les récompenses lui ont échappé. Il vivait tranquillement, travaillait dans la solitude et mourut prématurément, sans être reconnu par le grand public.
Il passa trois ans à Paris, dans l’atelier de Cormon.
Certes, une mauvaise santé l'oblige à plusieurs reprises à quitter la capitale française et à se faire soigner. Mais il revient encore et encore au Louvre, « la meilleure école des artistes ».
Borissov-Musatov sait exactement ce qui fonctionne, comment cela doit se faire et comment lui seul peut le faire. Dans toutes ses œuvres, son objectif est de créer une harmonie colorée.
Les œuvres les plus significatives de Musatov : « Harmonie » (1900), « Tapisserie » (1901), « Étang » (1902), « Collier d'émeraude » (1903), « Requiem » (1905)
Harmonie
Il est difficile de saisir d’un seul coup ces symphonies musicales picturales dans leur intégralité, tout comme il est impossible de pénétrer immédiatement dans les profondeurs de la musique classique. Tout comme il faut apprendre à écouter de la musique, il faut apprendre à voir, sentir et comprendre la peinture.
Konstantin Fedorovitch Yuon (1875-1958)
"Je voulais peindre des tableaux, comme on écrit des chansons sur la vie, sur l'histoire du peuple russe, sur la nature, sur les anciennes villes russes...", a écrit Konstantin Fedorovich Yuon.
Il fut l'élève d'Arkhipov et de Serov, un admirateur passionné de Surikov, Gauguin et Gorki, un homme qui, depuis son enfance et pour toujours, fut captivé par l'architecture russe ancienne.
Comme la plupart des artistes qui ont commencé leur voyage pendant la période difficile de luttes entre courants artistique et idéologies, au tournant des XIXe et XXe siècles, Yuon s'est intéressé à l’art Nouveau, et à l'impressionnisme.
Il fut un grand maître de la peinture, un maître des paysages architecturaux et des décors théâtraux.
Portes du kremlin de Rostov, 1906
Musée de l’impressionnisme russe
Yuon, qui a puisé son inspiration dans des villes russes anciennes, a peint dans cette toile les portes de la forteresse de si près, que l’on peut y voir danser des reflets du soleil.
Buisson Bleu
Après avoir terminé ses études à l'École de peinture de Moscou (de 1894 à 1900), Yuon ouvre en 1900 à Moscou, avec l'artiste I. O. Dudin, une école d'art privée, Yuon Studio, qui fonctionne jusqu'en 1917. Vatagin, Mukhina, Favorsky et d'autres artistes soviétiques célèbres ont étudié dans son atelier.
À la fin des années 90, l’artiste voyage beaucoup dans les vieilles villes situées au bord de la Volga. Grâce à de nombreux travaux préparatoires, le tableau «Sur la Volga» (1900) est réalisé. De nombreux dessins, croquis et peintures merveilleux ont été peints par Yuon dans la Laure de la Trinité-Serge, un monument architectural du XVIIe siècle.
Sur la Volga
Les plus intéressants d'entre eux sont « À la Trinité » (1903), « La Laure de la Trinité en hiver » (1910). Il est très important que Yuon ait peint des ensembles architecturaux anciens non pas de manière abstraite, mais entourés de la vie contemporaine.
Ses peintures sont toujours très réalistes, lumineuses et décoratives. Les peintures sont propres, locales, avec beaucoup d'espace et de lumière.
La Laure de la Trinité en hiver
Yuon aimait les paysages. Épique, solennel, avec beaucoup de perspective, l'hiver et surtout le printemps. Ses meilleurs paysages sont « Jour de Printemps ensoleille » (1910), « La marche du Soleil ». « Ligachevo" (1915), "Dômes et hirondelles" (1921), "L'hiver russe. Ligachevo" (1947).
Yuon est un maître de la décoration théâtrale. Au total, il a conçu les décors de vingt-cinq pièces de théâtre et opéras.
Toute sa vie, Yuon s'est intéressé aux problèmes théoriques les plus complexes de l'art. Docteur en histoire de l'art, membre titulaire de l'Académie des Arts, Yuon a écrit de nombreux ouvrages théoriques sur l'histoire de l'art.
Valentin Alexandrovic Serov (1865-1911)
Pionnier de l’exploration de l’Impressionnisme. Parmi ses chefs-d’œuvre les plus connus de sa vie relativement courte, citons : « Fille aux pêches » (1887), « Portrait d’Isaac Levitan » (1893) et « Portrait de Maria Yermolova » (1905), tous visibles à la galerie Tretyakov de Moscou; « En été » (1895) au Musée russe de Saint-Pétersbourg et ses paysages froids, « Poulains à l’Abreuvoir », « Domotkanovo » (1904) à la Tretyakov.
La Fille aux pêches
Il est l’un des grands Artistes russes de la période pré-révolutionnaire.
Il s’installe à Paris où il est formé par le célèbre peintre réaliste Ilya Repin (1844-1930), dans son atelier parisien.
Fenêtre, 1886
Musée de l’impressionnisme russe
Trubnikova a la fenêtre
Sur cette célèbre toile intitulée À la fenêtre. О. F. Troubnikova, Serov a représenté sa future épouse. Et si cette toile n’est une étude du portrait final, elle s’est avérée plus claire et volumineuse que l’œuvre achevée. Elle semble être remplie d’air et d’anticipation d’une rencontre avec sa bien-aimée.
Igor Emmanuilovitch Grabar (1871-1960)
Igor Emmanuilovich Grabar est né en 1871 à Budapest, dans une famille d'enseignants. Ses parents migrent en Russie, dans la petite ville de Yegoryevsk, dans la province de Riazan.
Au cours de ses années d'études au lycée à Moscou, Grabar passait des journées entières à la galerie Tretiakov et ne manquait aucune exposition d'art.
Grabar a rencontré Arkhipov, Polenov et d'autres artistes célèbres. Le jeune homme décide fermement de devenir peintre. Mais il est convaincu qu'un véritable artiste doit être une personne instruite. C'est pourquoi, en 1889, il se rend à Saint-Pétersbourg, devient étudiant à la faculté de droit de l'université et suit des cours au département d'histoire et de philologie.
En 1895, il entre à l’atelier de Repin. Il étudie ensuite à Munich à l'école d'art Anton Aschbe pendant environ cinq ans.
Ressentant subtilement le charme de sa nature natale, l'artiste utilise parfaitement les réalisations colorées et lumineuses des impressionnistes.
Les paysages de Grabar ont contribué au développement de l'ensemble du genre paysager russe.
Matin d’hiver
Grabar était un grand maître de la nature morte. L'artiste a essayé de transmettre la beauté vivante du monde environnant avec des combinaisons colorées intéressantes.
"Février Azur"
Après 1917, l’artiste s’intéresse particulièrement au portrait. L'intérêt pour le travail sur les portraits s'est renforcé dans la ville néerlandaise de Haarlem, où Grabar a vu les portraits originaux de Franz Hals. Grabar a réalisé des portraits de K. Chukovsky, S. Chaplygin, un portrait de son fils, etc.
Paysage d’hiver. 1940–1950
À la table de thé
Maison-musée de Polenovo
Piotr Petrovitch Kontchalovski (1876 – 1956)
Fleurs variées (nature morte avec des fleurs et un arrosoir)
Musée de l’impressionnisme russe
Passionné de Paul Cézanne et admirateur de la culture européenne, Kontchalovski a cherché sa vocation dans différents mouvements artistiques comme l'impressionnisme, le post-impressionnisme et le cubisme.
Lilas dans un panier
Galerie Tretiakov
Comme Renoir, le peintre croyait que « la douleur passe, et la beauté demeure », s'efforçant d'exprimer le côté positif de la vie.
Nikolaï Ivanovitch Fechine (1881-1955)
Madame Fechine et sa fille
Collection privée
Fechine est devenu un artiste de renom dans deux pays : sa patrie, la Russie, et les États-Unis, où il a vécu pendant près de 30 ans. En Amérique, il était connu pour ses portraits d'Indiens et en Russie pour dépeindre la vie quotidienne du pays.
Le Petit Cow-Boy
L'œuvre de Fechine , Petit Cowboy, vendue 6,9 millions de livres en 2010, fait de l'artiste l'un des peintres les plus chers de Russie.
Portrait de Varia Adoratskaïa
Musée Russe
L'une de ses œuvres les plus importantes, le portrait de Varia Adoratskaïa (1914), est souvent comparée à La Jeune Fille aux pêches de Serov.
Vladimir Baranov-Rossine (1888-1944)
Après avoir été diplômé de l'Académie des Arts de Saint-Pétersbourg, le peintre a voyagé à Paris et s'installe dans un quartier bohème avec Marc Chagall et Amedeo Modigliani comme voisins, il se lie avec Robert et Sonia Delaunay. Ses peintures impressionnistes de natures mortes sont ses œuvres les plus célèbres.
Sentier dans le jardin
Musée de l’impressionnisme russe
Il a poursuivi plus tard sur la voie de l'orphisme (post-impressionnisme) et a même créé des sculptures dites polytechniques, composées de matériaux organiques et inorganiques. L'artiste étudie les problèmes de synthèse de la musique et de la couleur. A cette époque, il conçoit un piano « optophonique » (musical en couleur) et donne les premiers concerts optophoniques. Il rejoindra les « avant-gardistes ». (Voir l’Article : « L’Avant-Garde Russe »).
Barges sur le Dniepr
Collection privée
Nikolaï Alexandrovitch Klodt (1865-1918)
Étang envahi par les herbes, 1910
Musée de l’impressionnisme russe
Peintre Paysagiste, il sera aussi décorateur de théâtre reconnu.
Chemin Forestier
Nikolaï Petrovitch Bogdanov-Belski (1868-1945)
Au Seuil de la classe (1897)
Musée russe de St Pétersbourg
Peintre réaliste, influencé par les impressionnistes. Il se ralliera aux « Itinérants ».
Été, 1911
Musée de l’impressionnisme russe
Conclusion : Le pinceau russe, entre lumière et mystère
L’impressionnisme russe est plus qu’une simple variation de la scène européenne ; c’est un souffle unique, où le réalisme se marie au rêve, et où les jeux de lumière nimbent chaque paysage et visage d’une aura particulière. Derrière chaque coup de pinceau se cache une vision du monde marquée par la grandeur des steppes, les reflets mordorés des rivières gelées, et les regards profonds de celles et ceux qui peuplent ces vastes terres.
Ces artistes, à leur manière, ont saisi la beauté fragile de leur époque, oscillant entre nostalgie et modernité. Au-delà des écoles et des styles, l'impressionnisme russe est un voyage sensible dans l'âme des gens, un témoignage qui, encore aujourd’hui, continue d’éveiller en nous un étonnement sincère. C'est peut-être là son plus beau secret : rappeler que l'art, qu'importe son origine, est toujours une rencontre entre le visible et l’invisible, entre l’instant et l’éternité.
Par son audace et sa capacité à transformer les codes de l’art, l’impressionnisme russe a laissé un héritage durable et profondément original. Il ne s’est pas contenté d’être un écho des mouvements européens de l’époque, mais a créé un langage visuel qui continue d'inspirer et d'interroger. Loin d’un simple mouvement artistique, il a su incarner les espoirs, les tensions et les paradoxes d’une époque de profonds bouleversements. À travers ses œuvres, il nous invite à explorer une vision du monde où l'art ne se limite pas à l’esthétique, mais s'érige en acteur du changement.
NOTES EXPLICATIVES :
Les Itinérants :
Groupe d’artistes progressistes russes connu sous le nom de l’Association des expositions d’art itinérantes (alias : les Vagabonds, les Ambulants, les Itinérants ou Peredvizhniki), dont feront partie des peintres illustres comme :
Vassily Perov (1833-1882), Konstantin Savitsky (1844-1905), le portraitiste Ivan Kramskoy (1837-1887) Vladimir Makovski, Alexeï Savrassov, Ivan Chichkine et l’artiste biblique Vasily Polenov (1844-1927).
Ce mouvement réaliste, créé en Russie en 1863, persista jusqu'aux années 1890, en réaction contre l'enseignement, les sujets et les méthodes de l'Académie russe des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.
Les VKHUTEMAS :
Les Ateliers artistiques et techniques supérieurs, sont des établissements d'enseignement créés à Moscou , Petrograd et dans d'autres villes russes après 1918.
Ces écoles avaient pour but de préparer les artistes aux qualifications les plus élevées pour l'industrie.
Le corps enseignant artistique donnait des cours de graphisme, sculpture et architecture tandis que le corps enseignant industriel donnait des cours sur l'impression des textiles, la céramique, le travail du bois, et la métallurgie.
Ce fut le foyer de trois mouvements importants dans l'art et l'architecture d'avant-garde (Voir cet Article à paraitre : "l'Avant Garde Russe") : constructivisme, rationalisme (ASNOVA), et suprématisme.
Musée de l’impressionnisme Russe :
Ce jeune musée moscovite s’est fait un toit dans l'ancien entrepôt de farine et de sucre de la confiserie Bolchevik. Aujourd’hui, l’on peut y voir comment de grands artistes russes du tournant des XIXe et XXe siècles ont travaillé et expérimenté dans le style de l'impressionnisme.
E-mail: hello@rusimp.orgТелефон: +7 495 145 75 55
Leningradski Prospect, 15 /11
Texte inspiré d’un article de : Гончарова Ольга Анатольевна
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