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Photo du rédacteurAlain Mihelic

Oblomov et sa « Toska »

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

L’emblématique Oblomov, héro apathique du roman éponyme de Gontcharov, par son indolence, suinte, de tous ses pores, le sentiment profond de l’absurdité de la vie.

Placidité, indifférence désenchantée, impassibilité de façade, comme une protection pour ne pas se laisser toucher par un désespoir encore plus grand. Perte de foi dans l’avenir, vide abyssal, poids de la condition humaine.

Toska, spleen et Mélancolie, devant ce paysage morne, sous un saule pleureur
Zon pas encore inventé le Saule "rieur"

Telle est la «Tosca » russe qu’on pourrait traduire par :


  • Le Spleen si ce terme implique un manque indéfinissable, un vide et une souffrance.

  • Le Cafard, qui semble plus être une déprime passagère

  • La Mélancolie, quant à elle, porte une teinte moins désespérée, plus vague, état presque agréable de léthargie, plus proche de la nostalgie. Moment précieux de reconstruction, avant un nouvel élan. Notons qu’une angoisse vive peut aussi être un moment de ressourcement : on attend un nouvel avenir, et on s’y prépare intérieurement, on fera tout pour y parvenir.


 Paysage de brume pour Neurasthénie
Horizon Perdu
  • Proche de la mélancolie, le romantique aspire à un monde dans lequel tout n'est pas si misérable, où les relations sociales sont simples et sans détours, où les rêves peuvent se réaliser, sans qu’il y ait besoin de lutter. Cette mélancolie du romantique est plus légère que sombre, et le romantique ne fera rien pour assouvir son désir, il restera prostré dans une délectation un peu perverse.


  • Pour la Dépression Neurasthénie Psychose, place au traitement psychanalytique et psychiatrique.

Le precieux divan de Oblomov
Le Divan Refuge

Pour lui, le canapé n’est pas qu’un meuble, c’est un mode de vie.



  • La Saudade semble la plus proche de la Tosca, une espèce de latence douce, mais profonde, une souffrance due a un manque non défini, et cette non-définition crée le malaise et le mal-être. Une humeur triste, persistante, pleine de désirs inexprimés, une insatisfaction latente.

Cette Tosca, cet état de langueur, conduit à la Procrastination.

 

Définition du Larousse : Tendance à ajourner, à remettre systématiquement au lendemain.


Procrastination perpetuelle, et Mélancolie
L'Utopiste veule en pleine Non-action

Oblomov est un immense procrastinateur, incapable physiquement de décider quoi que ce soit pour les siens et pour lui-même, jusqu’à l’amour inespéré, qu’il néglige par ennui. C’est un utopiste veule et d’une indifférence lascive. Je crois qu’il souffre vraiment.

Oblomov, symbole de la résistance au changement


On peut penser qu’il représente toutes les carences de la Russie : paresse, indolence, inertie, rêves chimériques. Il ne boit pas, peut-être preuve de son idéalisme. Trop simple, en fait, il est le symbole du changement et de l’inadaptation de certains individus a ce changement. Il a toujours vécu protégé, et le jour où l’organisation réglée de sa vie se disloque, il est dans l'incapacité de l'accepter et il s’enfonce.

Oblomov incarne la figure de l’individu incapable de s'adapter à un monde en mutation rapide. C’est un homme figé dans ses habitudes, impuissant à embrasser les changements sociétaux, économiques et personnels qui l’entourent.

 

Ce refus du changement peut être comparé à des phénomènes actuels où des segments de la population se montrent réticents à adopter de nouvelles technologies, à s’adapter à la mondialisation ou aux bouleversements sociaux.

 

 

La "Procrastina-Toskaisation" moderne


La « Procrastina-Toskaisation » décrit une tendance contemporaine, exacerbée par les contraintes de la vie moderne, où l’apathie et la procrastination s’ancrent profondément dans la société.

À une époque où nous sommes bombardés d’informations, sollicités par de multiples tâches et soumis à une productivité constante, beaucoup ressentent une paralysie face aux attentes élevées.

Ce phénomène conduit à une forme de fatigue cognitive et émotionnelle. La procrastination, dans ce contexte, devient une réponse à l'angoisse de l'échec ou à l’incapacité de répondre aux exigences sociétales.

 

Aujourd’hui, nous assistons à la lente Procrastina-Toskaisation et Oblomovisation de nos sociétés, par rognage des ailes des sachants voler, par les atteintes à la liberté de planer, et à celle d’entreprendre.

Les énergies se trouvent minées et le désespoir Oblomovien s’installe.

 

Que reste-t-il aux romantiques que cette échappatoire !

 

Procrastination, irresolution, choix impossibles
Marre de Vivre le Cul entre 2 Chaises

Les romantiques modernes

 

Le romantisme n’a pas disparu, il s'est transformé. À l’ère du numérique et des réseaux sociaux, un nouveau type de romantique émerge : celui qui aspire à un monde idéalisé, sans violence ni complications.

Ces « néo-romantiques » fuient souvent la réalité compliquée de la vie moderne et se réfugient dans une version utopique du passé ou dans des mondes imaginaires.

 

Une Fuite vers les mondes imaginaires :

 

Le succès des mondes de fiction, tels que les séries télévisées ou les jeux vidéo immersifs, illustre ce besoin de trouver refuge dans des mondes où les rêves et les désirs peuvent se réaliser, sans affrontement direct avec la réalité.

Oblomov aurait sans doute été un adepte de ces mondes virtuels où il aurait pu vivre ses idéaux sans efforts.


Le temps de la réflexion, Psychologie de l’inaction

 

L’inaction, longtemps perçue comme une caractéristique négative, trouve aujourd'hui des défenseurs qui voient dans la procrastination une opportunité de réflexion, de recharge mentale et de prise de recul.

Plutôt que de considérer l’inaction comme un échec, certains psychologues la voient comme un processus de maturation intérieure, où l’esprit prend le temps de reconsidérer ses options avant de passer à l’action.

 

De plus en plus, la société moderne valorise la « lenteur » (slow living) et la prise de recul face à l'agitation permanente. Certains trouvent leur bonheur dans la contemplation de la nature, dans des pratiques artisanales ou des formes d’expression artistique où les rapports humains sont valorisés.

 

Oblomov dans ce contexte, incarne la figure d’un sage moderne, prenant le temps de méditer sur le sens de ses actions, même si ce processus paraît futile à première vue. Il s’agit d'une forme de « procrastination stratégique », comme une clé pour éviter l'épuisement professionnel ou la perte de sens.

 

Ou peut-être devrions-nous tous acheter un bon coussin pour profiter de nos propres moments Oblomoviens, sans culpabilité !

 

 

La réponse Sociétale :

 

Aujourd’hui, pour les Oblomovs atteints de dépression, limite schizophrène, il y a traitement à base d’antidépresseurs, de neuroleptiques, et autre thérapie comportementale. De quoi casser les derniers ressorts de l’individu, sans remettre en question l’agressivité insupportable de la société.

 


Perdu seul dans la ville grise, sous la pluie
Le monde, il va comme il pleut

Les Créateurs construisent le monde et il vient comme il peut, le Romantique aspire à un monde beau.


En fait, ce sont peut-être ces déprimés qui réagissent sainement au contact de ce monde-là, en se refermant pour s’en protéger, et c’est nous, les agissants, qu’il faudrait soigner.


reparations sur la statue de Lenine

Tiens d’ailleurs, ils y viennent, ces deux-là sur la photo, sont stomatologues !

Ils soignent le mal à la racine.

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