Dans la partie européenne de la Russie, les routes sont maintenues dans un état fort raisonnable. En Sibérie, c’est une autre chanson, mais vu les distances et le désert urbain, on peut comprendre. Autour des grandes villes, la situation est assez normale.
Nous parlerons de la sécurité, ou plutôt de l’insécurité, sur ces routes, dans l’article à venir : « Conduite automobile, en ville ... et ailleurs ».
NOTE : j’ai écrit la première version de cet article il y a 4 ans. Les habitudes et systèmes de circulation évoluent ici très vite, et si les éléments rapportes sont absolument véridiques, ils deviennent un peu plus chaque jour historiques. Le transport a largement gagne en discipline et en efficacité, et les rocades ou autre voies rapides fleurissent un peu partout. Quant aux conducteurs, la peur du képi et celle des radars a amené du bon sens.
Il convient, et c'est l'objet de ce chapitre, de mentionner, pour l’anecdote, certaines petites singularités, dont il vaut mieux être averti avant de prendre le volant en Russie.
Réparation des Chaussées :
Les chaussées sont régulièrement réparées autour de Moscou, mais l’organisation pour le rustinage vaut le détour. Les hivers longs et rigoureux, les barrières de dégel inexistantes, la mauvaise qualité des enrobés et des couches de forme et d’assise, l’utilisation de pneus neige à clous, sont autant de raisons pour que les nids de poules fleurissent comme pâquerettes, dès les premiers redoux.
La méthode d’intervention en vigueur est de découper largement les plaies béantes, par des coups de scalpel géométriques, de bien nettoyer les entailles jusqu’à 10 et 20 centimètres de profondeur, puis de laisser le trou ouvert, le plus souvent sans signalisation, pendant une semaine, et ce, jusqu’à l’intervention d’une autre équipe d’urgentistes, qui sutureront la plaie. Ces pratiques font la joie des garagistes, qui voient arriver, par centaines, les pneus éclatés, les jantes écartelées, et même (je l’ai vu de mes yeux éberlués sur une BMW série 7) : des trains avant arrachés.
Routes, Entretien :
Il arrive… mais rarement, qu’en ville, sur la route, les plaques d’égouts soient enlevées. Conséquence de Vols surement, mais résultat spectaculaire, là, c'est l’Envol assuré si vous êtes motocycliste et la perte d’une roue si vous êtes en voiture.
Si la voiture devant vous fait un brusque écart, soyez sûr qu’il y a obstacle sérieux à éviter. La vigilance et la chance sont de mise à tous les instants.
En parlant de plaques d’égout, voici tout récemment une jolie réparation découverte en ville. Vous noterez la signalisation grâce à des cartons d’emballage immobilisés par une pierre et l’efficacité résultante, par les traces de vélo sur le ciment.
Routes, Aménagement :
On a l’impression que les autorités font parfois des essais au plan signalisation ou aménagement et fluidification du trafic.
Dans une nouvelle zone urbanisée, un passage pour piétons est créé pour traverser la grande route en sécurité. Quelques mois se passent sans problème. "On" décide de protéger ce passage piéton par 2 casses vitesses, si bien faits que les camions ne peuvent les prendre qu'à 10 a l’heure et les voitures au maxi à 20.
Résultat : là où il n'y avait jamais eu de problème de circulation (ni accident) on a créé des queues de 15 minutes le matin pour aller au boulot. Il aura fallu 10 mois pour modifier l’ineptie et pour simplement y coller un feu tricolore à poussoir. Depuis lors, plus de bouchon.
Fantaisies et Impros de la DDE locale :
Stationnement :
Jusqu’en 2013 à Moscou, on a pu se délecter et jouir du stationnement sauvage des voitures, d’une totale indiscipline, non réprimandée, en particulier près des stations de métro autour desquelles fleurissent les petits kiosques à alcools. À cette époque bénie, les minibus, les taxis, les assoiffés, ceux qui amènent un voyageur, ceux qui en attendent un, tout ce beau monde vient s’agglutiner près de la sortie pour ne pas marcher 100 mètres, et réduit ainsi les 4 à 5 voies de circulation existantes (dans un sens et l’autre), et ne laissant que deux ou même une seule voie, pour le trafic normal.
Grosse pagaille !
La chasse aux contrevenants, depuis, a bien fonctionné, puisque aujourd’hui ces excès de libertés ne se rencontrent quasiment plus.
Circulation fluide certes, mais encore un morceau de folklore qui fout le camp.
Les Joies du Grand Périphérique de Moscou et autres voies rapides :
Une curiosité ; sur de nombreuses voies à trafic intense et en particulier sur la grande ceinture périphérique (MKAD) : en sortie d’hiver, le bitume se creuse sur les couloirs de circulation, de 2 rigoles / gouttières correspondantes à la largeur de voie des véhicules (Voir Photo ci-dessous).
Rigoles suffisamment profondes pour ramener vos roues dans le sens du déplacement si vous vouliez en sortir. Les 3 à 5 centimètres de dénivelé ne sont pas rares. Par verglas ou neige, ces canaux s’avèrent très dangereux, car la perte de contrôle potentielle devient problématique.
Comme sur des rails, tu t'en sors plus
Dans ces deux photos (dessus, dessous), on peut remarquer aussi une autre gaguerie locale : la semelle de la barrière-protection centrale, ainsi que celle des assises d’ouvrages d’art, dépasse assez fréquemment du bitume, en une marche qui peut atteindre les 10 cm. Il est préférable de ne pas être distrait et gare au temps de neige, quand cet obstacle disparaît à la vue.
Barrière de Sécurité qu’ils disaient.
Sur le Grand Périphérique, les bretelles d’accès et sorties sont ainsi agencées, que les voitures entrent avant que les sortants ne puissent s’échapper. Rien que de normal, sauf que la distance laissée aux automobilistes pour s’organiser, est très limitée.
Les possibilités d’insertion sont trop courtes et le chassé-croisé se fait en moins de 200 mètres. Pas de voie supplémentaire pour jouer des coudes facilement. Le Flot des entrants, vient croiser et gêner le flot des partants en un ballet de coups de frein, de klaxons avec pour résultat, ralentissements, embouteillages et accrochages.
Les aberrations des habitudes de circulation :
Entre mille autres, je décrirais deux exemples particulièrement marquants.
Tourner à Gauche interdit
J’ai subi, pendant des années comme des milliers d’autres victimes innocentes, l’incurie et l’imbécillité de certaines règles de circulation. (Euh… y’a pas qu’ici).
Tous les matins, durant 12 ans, près de notre appartement, j’ai fulminé au croisement de deux avenues, l’une principale à 2 fois 4 voies, l’autre secondaire que j’emprunte, à 2 fois 2 voies. Passage obligé, sans échappatoire. Ce croisement était réglé par des feux tricolores.
Il était interdit, étant sur la route secondaire, de tourner à gauche sur la principale. Il fallait pour cela traverser le carrefour, puis, après 30 mètres, effectuer un demi-tour complet dans le flot de voiture arrivant en sens inverse, pour reprendre à droite ensuite. J’ai vu des camions incapables de gérer la manœuvre, bloquer totalement la circulation pendant 15 minutes, le temps que les impatients lui fassent la place. Il aura fallu 15 ans pour que cette ineptie évidente disparaisse, je l’ai dégustée chaque jour tant que j’ai vécu dans le quartier et j’en suis parti avant la modification. Pour un pays ex-communiste, il est symbolique qu’il ait été, et soit encore souvent, interdit de tourner à gauche !
Dégagement à Gauche Permis :
Oui, parfois, on peut tourner à gauche, mais cette possibilité est décalée à 100 ou 500 mètres après le carrefour. Passé le Carrefour qui nous intéresse, sur la voie la plus à gauche de l’avenue, voie la plus rapide qui sert donc à doubler, attention vigilance aiguë recommandée.
Si devant vous une voiture pile net et sans clignotant, pas de panique, c’est que le gars veut demi-tourner dans le flot de voiture qui vient en face, pour pouvoir ensuite, au carrefour tout juste dépassé, tourner à droite ! C’est assez sportif.
Rouler en Sibérie :
En Sibérie, considérant les conditions climatiques et les distances, l’avion et le train sont largement développés pour transport des marchandises et déplacement des personnes. La route fait un peu parent pauvre, sauf autour des grands centres urbains.
Voici quelques exemples de particularités de ces voies hors agglomérations. On voit que l’entretien, sa régularité et sa continuité, ne sont ni évidents ni simples.
Ci-dessous quelques photos idylliques, je vous épargne les conditions d’été, avec des véhicules embourbés jusqu’à la cabine.
Routes Hivernales :
État des routes en Russie
En 2022, environ 40 % des routes en Russie étaient considérées comme ne répondant pas aux normes de qualité minimales. Cela inclut des problèmes comme les nids-de-poule, l'usure due aux conditions climatiques rigoureuses, et un manque général d'entretien dans les zones rurales et en Sibérie. Selon des rapports récents, plus de 900 000 km de routes nécessitent encore une réhabilitation sérieuse.
Coût des réparations pour les conducteurs
Les conducteurs russes sont souvent confrontés à des frais de réparation conséquents à cause de l’état des routes. Une étude de 2021 a estimé que les conducteurs paient en moyenne 20 000 à 30 000 roubles par an (environ 250 à 375 euros) pour les réparations liées à des problèmes causés par les routes dégradées, tels que des pneus crevés, des jantes abîmées ou des suspensions endommagées.
Par exemple, à Moscou, où les routes sont mieux entretenues qu’en Sibérie, le coût annuel des réparations peut être plus bas, mais les automobilistes rapportent toujours des dommages fréquents aux véhicules, surtout après les hivers rigoureux, avec leurs conséquences sur l’asphalte.
Investissements dans les infrastructures routières
Le gouvernement russe a lancé en 2020 le programme "Sécurité et qualité des routes", visant à améliorer les routes dans tout le pays, avec un budget de 4,8 trillions de roubles (environ 60 milliards d'euros) alloué jusqu’en 2030. En 2023, environ 30 % des routes fédérales ont été rénovées grâce à ce programme. Toutefois, malgré ces efforts, les routes en dehors des grandes villes et dans les régions sibériennes restent dans un état précaire.
Comparaisons avec d'autres pays
Si on compare ces chiffres avec ceux de l'Union européenne, où environ 10 % seulement des routes sont jugées non conformes aux standards, on voit que la Russie a encore du chemin à parcourir pour rattraper son retard, ce a quoi elle est attelée a présent.
Conclusion ?
Rouler en Russie, reste encore comme participer à une chasse au trésor, mais où les trésors sont des nids-de-poule et les récompenses... de belles histoires à raconter.
Et si vous êtes un fan des challenges, alors bienvenue sur nos routes russes, mais restez attentifs et prudents.
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