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  • Photo du rédacteurAlain Mihelic

Les Magasins Officiels en URSS

Dernière mise à jour : 30 janv. 2022

Quelques formes d’échanges marchands et de production en l’URSS:


Les Magasins Officiels


Souvenance des magasins et supermarchés, dans leur organisation un peu particulière, telle que vécue dans les années 1990 a Moscou d’ abord, et ensuite en province éloignée pendant cette même période.


De nos jours, la flexibilité et une relative liberté d’ ouverture, sont de mise, pour les supérettes et autres échoppes en ville. Certaines chaines sont spécialisées dans le 24 h/24 et il est plaisant de pouvoir à toute heure trouver à croûter. Oui je sais, les droits des travailleurs, le repos obligatoire, l’ exploitation etc. etc... C’est bien agréable quand même pour le pékin qu’a bossé toute la semaine de pouvoir faire ses courses et le dimanche et aussi à minuit si ça lui chante. Liberté qu’ils disent en France. Sans blague. La meilleure protection du travailleur c’ est de pouvoir bosser, tout le reste ça ne sert qu’ à payer et justifier des gratte-papiers.


À Moscou entre 1980 et 1993


Penchons-nous sur le magasin « genre » supermarché, typique de l’ époque : le « Gastronom ».


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Vitrines alléchantes, via les affiches

Fenêtres occultées, même encore aujourd’hui



URSS, files d'attente, queues, carence, déficit
Portes blindées et Garde a l'Intérieur

Échoppe "Gastronom", traditionnelle



Le commerce de détail en URSS était organisé de manière extrêmement inefficace. Il n'existait pas de supermarchés au sens classique, ou vous choisissez les marchandises, les mettez dans votre panier et passez à la caisse.



Principe de Fonctionnement


Donc à Moscou, quand on entrait dans un commerce, on trouvait devant chaque vendeuse une file d’ attente, Le client devait se tenir sur des lignes distinctes pour les rayons des saucisses, des produits laitiers et des légumes. Ces files vous empêchaient de bien voir la variété des articles exhibés en vitrines ; or de disponible et à vendre, il n’y avait que ce qui était exposé.

Une fois le choix établi, il fallait attendre son tour et obtenir de la vendeuse un petit papier avec un code d’ article et son prix.


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La queue face au vendeur. Notez le Boulier près de la Balance

Fort de ce papier, on filait à la caisse, dans la «ligne générale», faire la queue pour régler, on y recevait un reçu en double exemplaire,


URSS, Union Soviétique, passage en caisse, file d'attente, ticket de caisse
Passage à la Caisse, Sourire de Rigueur

et ceci fait on repartait vers la procession devant la vendeuse pour prouver la bonne régularisation et paiement, et on attendait la délivrance du produit, avec en plus, comme récompense, tout l’ épanouissement du bonheur sur vos lèvres, pour saluer les 45 minutes de trépignement.


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C'est du Pain Béni, en tout cas bien Mérité

C’ est vrai que ce système évite que la vendeuse de pain ou de viande n’ ait à tripoter la monnaie du client précédent avant de vous servir, mais faire 3 fois la queue, il fallait une carapace endurcie sous le régime soviétique pour supporter. Et encore, ça c’ était pour recevoir un seul type d’ article, car s’ il vous fallait viande et produits laitiers, vous preniez double peine !



Produits Mis à la Vente


« Ce serait mal parler en disant que les magasins étaient littéralement vides. Il y avait de la nourriture en abondance !. Dans tous les gastronomes qui se respectaient vous pouviez acheter les courgettes, les tomates et les malossols (cornichons salés) en boîtes de conserves. Ça en faisait de la nourriture… riche en vitamines.


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Semblant d'Offre,

Ces boîtes de conserves étaient d’ une telle qualité que personne n’ en achetait. Conséquence, beaucoup de ces établissements étaient remplis de courgettes en boîtes sur 70% de leur surface commerciale.


Les magasins soviétiques étaient donc à la fois vides et remplis de denrées immangeables qui se périmaient, mais continuaient à s’accumuler dans les conteneurs rangés en plein milieu de la boutique. Le paradoxe soviétique – vous veniez aux magasins soi-disant remplis, mais il n’y avait rien à emporter. ».


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Magasin bien Range, Choix Unique

« Le comble est que selon la description officielle, «Gastronom» signifiait : un magasin de produits alimentaires de première catégorie avec une gamme variée de produits (jambon, œufs, poisson et viande, des conserves) Pour ceux qui ne parlent pas couramment le soviétique, je traduis : “première catégorie” veut simplement dire “mangeable”». Les circonvolutions et le style ampoulé soviétique était l’ancêtre de la publicité mensongère qui sévit de nos jours…"


Savez-vous comment on pouvait facilement savoir si un magasin vendait quelque chose ? – Par la queue d’une centaine de personnes attendant à l’extérieur.

Voir Article VENDRE, ACHETER, PRODUIRE, en URSS. Partie 1 : la queue comme régulateur officiel entre l’Offre et la Demande !



Accueil et service commercial


L’ absence de concurrence commerciale signifiait que les marchandises pouvaient être de n'importe quelle qualité - elles étaient dans tout cas achetées sur le principe du «faute de mieux». Il n'y avait aucune incitation à sortir de nouveaux modèles, à se battre pour vendre - tout était acheté pour, par et dans le système économique fermé.


A l'opposé, les lopins de terre attribués aux Kolkhoziens approvisionnaient les quelques 8 000 marchés kolkhoziens, seule forme de commerce privé autorisée à ce moment-là.


Uniquement sur ces points de vente libres, le client était le bienvenu et accueilli positivement. Partout ailleurs il était foncièrement indésirable.


Lorsque dans un magasin il se vendait quelque chose, que ce soit du saucisson ou des chaussures, les vendeurs se comportaient comme des dieux distraits et distants, dédaigneux et omnipotents, distribuant à leur gré, de l’ oxygène, des récompenses, de l’ attention. Tels des Césars, ils avaient droit de vie et de mort sur vous : « Sale tête cui-la, chaussures 42 ? Ah y’ a plus ! »

Rogues, mal embouchés, mal élevés, méprisants, revêches, hargneux, rébarbatifs, aigres, arrogants, au mieux grincheux, mais toujours laids. Voilà les adjectifs standards, applicables aux vendeurs de cette époque. Il n’ est pas rare encore aujourd’hui de tomber sur un(e) vendeur (euse) jeune ou vieux, dont « l’ avenance » tient plus du soviétisme brut que d’ une envie de commercer. Mais rencontrer un de ces martiens, est devenu suffisamment inhabituel. Bientôt il faudra les exhiber comme souvenir des temps anciens. La nouvelle génération commence à comprendre que le service au client n’ est pas avilissant.


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Ça tourne allègre….euh non, à l’aigre

Tout le personnel qui travaillait dans ces magasins, avait forcément accès aux rares arrivages de marchandise. Se servant naturellement en premier, et choisissant les meilleurs morceaux, les premières qualités, les plus belles couleurs. Ils approvisionnaient aussi leurs familles et leurs proches, sans parler de la contrebande. La bonne marchandise n’ arrivait presque jamais dans les rayons, à la vente.

Voilà comment dans un système dit “égalitaire”, où tout le monde perçoit les mêmes salaires, on crée et entretient un marché parallèle (marché noir) avec ses tarifs, et ses conditions, produisant au total plus d’ inégalités et surtout de frustrations.



Alcool et Vins dopés :


Lorsque la «loi de prohibition» de Gorbatchev est entrée en vigueur en 1988, la vente d’ alcool n’ était autorisée qu' à des heures strictement définies et en quantités limitées, entraînant des files d'attente kilométriques devant les points de vente. Les gens cherchaient surtout les vins fortifiés à 18 degrés ou/et la vodka. Les autorités ont même tenté d’imposer une règle selon laquelle pendant les heures de bureau, l'alcool, ne pouvait être vendu à quiconque portait des vêtements de travail (travailleurs du bâtiment, électriciens, etc.). En réponse, les groupes de 3-4 ouvriers envoyaient l’un d’ eux, en civil, faire la queue.


URSS, Union Soviétique, vin, liqueur, boissons
Qu'il pleuve qu'il vente

Magasins de vente Vins et Alcools



URSS, Union Soviétique, vin, alcool
A l'Enseigne "Vin et Liqueurs" : Deux quoi ? Deux litres ?


Bien, mais ces petits problèmes d'approvisionnement, c’ était à Moscou.


En Province Profonde,


il y avait moins de questions car on trouvait souvent Ça :


URSS, Union Soviétique, déficit, insuffisance, faim, famine, disette
Le Choix des Armes .... la Canne

Ou bien Ça :

URSS, Union Soviétique, déficit, insuffisance, faim, famine, disette
La Peur du Vide ! Vertigineux

Anecdote Vécue :

Je suis à Uhta, en République des Komis, en hiver 1991, magasin d’ alimentation, vente de viande et charcuteries, a priori.

Choc dès l’ entrée, la vitrine présentoir-frigo ressemble à Ça :


URSS, Union Soviétique, alimentation, déficit, approvisionnement, talons, bons d'achat, système communiste, soviétique
Bon sang ou c'est ti qu’ j’ai mis mes lunettes

Non j’ exagère, il y avait en fait 3 ou 4 saucisses, et un morceau de ce qu’ on pourrait appeler « mortadelle ».

La personne que j’ accompagne passe sa commande. Les dialogues me sont totalement incompréhensibles, d’ autres clients interviennent. Le Vendeur s’ échappe dans une pièce adjacente, par une issue à flaps.

Il émerge de la chambre froide après quelques minutes et pousse une espèce de gros caddy contenant des cubes de viandes, fumants de froid.

Les quelques clients reçoivent chacun un de ces cubes d’ environ 15 centimètres de côté, blanchi par le gel. Impossible de savoir ce que vous tenez. Peut-être un os, peut-être de la viande, ou si vous êtes chanceux, du gras.

Pas de protestation, ça semble la norme, on s’ extrait. Je propose le restau de l’ hôtel. Acceptation enthousiaste.


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