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La Soupe d’Ours

  • Photo du rédacteur: Alain Mihelic
    Alain Mihelic
  • il y a 12 heures
  • 7 min de lecture

Avant de déguster la Grosse Soupasse, je vous propose de deguster une jolie légende sibérienne :


L’Ours qui portait le feu



On raconte qu’au temps où la nuit durait toute l’année, les hommes vivaient frigorifiés et aveugles dans la taïga.


L’Ours, ami des hommes, décida de leur offrir la chaleur. Il descendit dans le grand lac gelé, là où vivait l’Esprit du Feu. Après un long combat dans les profondeurs, il en ressortit, les pattes embrasées.


En arrivant au camp, il secoua ses poils et fit jaillir des étincelles dans une marmite posée sur des pierres plates. C’est ainsi que naquit la première soupe chaude, et depuis, chaque fois qu’on cuit la viande d’ours dans un chaudron, on dit que l’Ours revient réchauffer la tribu.

 

Tête d'ours

Ours mouillé, peu léché

 

Note : La légende de l’Ours qui portait le feu est une création originale, qui m’est inspirée de plusieurs motifs authentiques du folklore sibérien et arctique :


  • Le rôle de l’ours comme allié ou ancêtre des hommes — présent chez les Évenks, les Nivkhs et certains peuples iakoutes, où l’ours est considéré comme un être doté d’un esprit puissant et bienveillant (ou à craindre selon le contexte).

 

  • Les récits d’animaux rapportant le feu aux humains — motif universel qu’on retrouve aussi en Sibérie (parfois l’oiseau, parfois le renard, parfois l’ours).

 

  • La marmite ou le chaudron sacré — élément commun dans les légendes de l’Extrême-Orient russe, souvent lié à la préparation de nourriture en contexte rituel.

 

Ours, assis sur un tronc d'arbre

La Défense de l’Ours

 

La Soupasse Ursulasse :


Voici une recette traditionnelle, mais pas ordinaire, de la soupe d’ours, telle qu’on peut la trouver dans certaines régions du Grand Nord sibérien, en s’inspirant des méthodes de la cuisine de chasse.


C’est une version basée sur des sources ethnographiques, des récits de chasseurs (après vodka), mais aussi adaptée pour une cuisine moderne (avec remarques sur la sécurité sanitaire).

 

Ours assis dans la nature

Débourse tes ressources, voilà l’Ours bisounours qui te course

 

 

Une soupe qui sent la forêt et la taïga

 

Dans certaines régions reculées de Sibérie, préparer une soupe d’ours n’est pas seulement un acte culinaire, c’est une célébration de la chasse et du partage.


Le feu crépite, la marmite fume, et autour, on raconte les histoires de l’hiver passé. La viande, riche et sombre, évoque la puissance de l’animal. Les baies acides ramassées l’été rappellent que la forêt nourrit autant qu’elle défie.

 

« Manger l’ours, c’est prendre un peu de sa force et de sa patience », dit un vieux proverbe yakoute.

 

un feu de bois dans un paysage enneigé

Après la chasse, près d’un bon feu

 

 

Anecdotes et croyances

 

  • Respect de l’esprit de l’ours : Dans plusieurs communautés Yakoutes et évenkes, avant de cuisiner l’ours, on déposait une petite offrande (un morceau de viande, un peu de graisse) au pied d’un arbre sacré pour remercier l’animal.

 

  • La soupe comme serment : Chez certains chasseurs, partager la soupe d’ours autour du feu scellait une promesse ou un accord, parfois même une alliance entre familles.

 

  • L’ours et la chasse d’automne : La chasse avait souvent lieu juste avant l’hibernation, quand la viande était la plus grasse et nourrissante, parfaite pour affronter les longs mois glacés.

 


marmitte de soupe sur un feu de bois

 Mijote doucement

 

 

Informations culturelles et historiques

 

Origines géographiques et diversité des recettes

 

  • En Russie, la soupe d’ours (медвежий суп) est surtout associée à la Sibérie centrale et orientale (Yakoutie, Kraï du Kamtchatka, régions des Évenks et des Iakoutes).

 

  • Chez les Nivkhs (Sakhaline et côte de l’Amour), la viande d’ours était bouillie avec racines et algues locales.

 

  • Dans certaines zones du Kamtchatka, on préparait un bouillon avec viande d’ours, morue séchée et baies sauvages pour équilibrer le gras.

 

 

Symbolique de la consommation d’ours

 

  • L’ours était vu comme un parent ou un ancêtre animal : le manger n’était pas anodin.

 

  • Dans certaines tribus, seule une partie de la population (chasseurs expérimentés, anciens) avait le droit d’en consommer.

 

  • La soupe d’ours pouvait symboliser la force et l’endurance nécessaires pour survivre à l’hiver arctique.

 

 

Usages médicinaux

 

  • En médecine traditionnelle sibérienne, la viande et surtout la graisse d’ours étaient réputées pour renforcer l’immunité et aider à récupérer après une maladie.

 

  • On ajoutait parfois des racines de bardane ou d’angélique à la soupe pour en faire un plat “fortifiant”.

 

Pot de crème pour traitement cutané

Traitement capillaire vendu au Canada

 


de nombreux petits pots de crème

Petits Pots pour Calvities lourdes


 

La graisse d'ours est utilisée depuis longtemps, dans la médecine populaire traditionnelle asiatique et européenne. Voici les principaux usages et croyances autour de cette substance :

 

  • Elle est connue comme traitement pour les affections cutanées telles que la peau sèche, les gerçures, l'eczéma, le psoriasis, ainsi que pour les petites coupures, brûlures et piqûres d'insectes. Elle aiderait à hydrater, cicatriser, réduire l'inflammation et régénérer les cellules de la peau.

 

  • Elle est également employée pour soulager les douleurs musculaires et articulaires, l'arthrite, les tendinites et d'autres inflammations.

 

  • Historiquement en Europe, la graisse d'ours servait de remède capillaire pour prévenir la chute des cheveux, sous l'idée que comme l'ours est très poilu, leur graisse favoriserait la pousse des cheveux. Cette croyance se retrouve chez Hildegarde von Bingen au Moyen Âge (etait-elle la femme a barbe ?) et dans des ouvrages du 17e siècle.

 

  • Elle est aussi utilisée comme hydratant, pour garder souplesse la peau de tambours, comme produit imperméabilisant pour le cuir, et comme répulsif contre les insectes.

 

  • La graisse d'ours pure sera conservée au réfrigérateur ou au congélateur pour préserver ses propriétés.

 

 

En résumé, la graisse d'ours est un remède polyvalent utilisé pour les soins de la peau, des cheveux, et comme cicatrisant et anti-inflammatoire, dans diverses cultures anciennes.

 

 

Pratiques rituelles liées à la préparation

 

  • Partage communautaire : après la chasse, le repas était ouvert à toute la communauté, pas seulement aux chasseurs.

 

  • Silence au début du repas : on commençait parfois à manger sans parler, en “écoutant” la forêt et en remerciant intérieurement l’animal.

 

 

Évolution moderne

 

  • Aujourd’hui, la soupe d’ours est rare et souvent remplacée par du gibier plus accessible (sanglier, élan).

 

  • Elle reste néanmoins servie lors de fêtes folkloriques et dans certains restaurants spécialisés en cuisine de chasse, en Yakoutie ou au Kamtchatka.

 

 

  • Dans le tourisme culinaire, elle est souvent mise en avant comme expérience authentique de la taïga.

 

 

 

Précaution Sanitaire avant tout


  • La viande d’ours doit impérativement être bien cuite : elle peut contenir la trichinellose ou d’autres parasites. Cuisson à cœur ≥ 75 °C pendant un temps suffisant.

tranche de viande rouge

A point ou Saignante ?

 

  • Le simple fait de congeler la viande ne suffit pas, la trichinella nativa est souvent résistante.

 

  • Dans plusieurs pays, la chasse à l’ours est strictement réglementée, parfois interdite. Cette recette relève donc surtout de la culture culinaire traditionnelle.

 

soupe a la viande

Soupette Claire

 


La Soupe d’Ours façon Sibérie


Ingrédients (pour 6 personnes)


  • Viande d’ours : 1,5 kg (épaule ou poitrine, avec os si possible pour le bouillon)

  • Eau froide : 3 litres

  • Pommes de terre : 4–5 moyennes, coupées en dés

  • Carottes : 2, coupées en rondelles

  • Oignons : 2, hachés grossièrement

  • Oignon : 1, conservé entier

  • Chou blanc : 300 g, émincé

  • Ail : 3 gousses, écrasées

  • Feuilles de laurier : 2

  • Poivre noir en grains : 8–10

  • Sel : selon goût

  • Aneth ou persil : pour servir

  • Option “saveur forêt” : quelques baies séchées (canneberges, airelles) ou champignons séchés


Menu avec un bol de soupe et la photo d'un ours

Ours a la Carte

 

Préparation


L’appel du bouillon


  • Découper la viande en gros morceaux.

 

  • La mettre dans une grande marmite avec 3 l d’eau froide.

 

  • Porter à ébullition, écumer soigneusement.


Dans les campements de chasse, cette étape était souvent accompagnée de chants ou de récits de chasse pour “inviter” la bonne cuisson.

 

Mijotage patient


Ajouter laurier, poivre et oignon entier. Cuire au moins 2 h 30 à petit feu.(pour attendrir la viande et assurer la cuisson complète).


Dans les traditions, c’est le plus jeune de la bande qui doit surveiller la marmite, un honneur mais aussi un apprentissage.

 

La soupe prend forme


Retirer l’oignon entier du bouillon. Ajouter pommes de terre, carottes et chou.

Poursuivre la cuisson 30 minutes.

 

Dernières touches


Ajouter l’ail écrasé et les baies ou champignons séchés réhydratés.

Saler à la fin (la viande d’ours peut être déjà assez forte).

 

Service


Servir fumante, avec pain de seigle et herbes fraîches (aneth ou persil).

Dans certaines familles, la première louche était offerte à l’aîné ou au chef de chasse.

 

Grand Bol de soupe a la viande et orge

Bol de soupe d’ours et orge

Soupe gourmande et rustique.

 


Notes gustatives


  • La viande d’ours a une saveur prononcée, giboyeuse, presque sucrée après cuisson longue. Elle est proche du sanglier mais plus “sauvage”.

 

  • Les baies ajoutent une touche acidulée qui équilibre la richesse de la viande.

 

  • Les chasseurs russes ajoutent parfois un trait de vodka dans l’assiette au moment de servir, “pour chauffer”.



BON APPETIT !!!

 

 

chasseur avec son fusil, faisant cuire de la viande, un ours est couche derrière lui

En forêt, l’Ours n’est jamais loin

 



Référence culturelle :


Ce plat n’est pas imaginaire : on trouve des mentions de soupes semblables dans les récits des peuples chasseurs de la taïga (Yakoutie, Sibérie, Kraï du Kamtchatka).


Elles font partie des plats festifs, riches en saveurs de la forêt et en chaleur partagée, après une chasse réussie.


Dans certaines communautés autochtones, elle était aussi servie lors de célébrations saisonnières. 


marmite de soupe a la viande

 Marmite rustique sur feu de camp

 


Chasse en Sibérie  :


  • La chasse à l'ours est réglementée par les autorités fédérales et locales, avec des quotas, des périodes spécifiques de chasse, et des licences obligatoires, afin de préserver les populations d'ours.

  • Les pratiques traditionnelles des peuples autochtones sont souvent reconnues et intégrées dans ces réglementations, leur permettant de chasser pour leur consommation personnelle et rituelle.

  • La viande doit être préparée et consommée avec des précautions sanitaires strictes, notamment pour éviter les risques de parasites comme la trichinellose.

 


La trichinellose :

 

La trichinellose est une maladie parasitaire causée par l'ingestion de viande crue ou insuffisamment cuite contenant des larves du parasite Trichinella. Ses conséquences cliniques évoluent en plusieurs phases :

  • Au début (1 à 2 jours après consommation), un syndrome digestif apparaît avec nausées, diarrhée, vomissements et douleurs abdominales.

  • 7 à 15 jours après, lorsque les larves migrent vers les muscles, apparaissent des douleurs musculaires intenses, une faiblesse, une fièvre élevée, des maux de tête, ainsi qu'un gonflement caractéristique du visage, notamment autour des yeux.

  • D'autres symptômes peuvent inclure une éruption cutanée, une rougeur des yeux, une sensibilité à la lumière vive et des difficultés à respirer, mâcher ou parler à cause des douleurs musculaires.

  • Dans les cas graves, des inflammations du cœur, du cerveau et des poumons peuvent survenir, avec des troubles du rythme cardiaque, convulsions et problèmes respiratoires. La mort est rare mais possible en cas de complications sévères.

  • Sans traitement, la plupart des symptômes disparaissent en environ trois mois, bien que des douleurs musculaires persistantes et de la fatigue puissent durer plus longtemps.

La sévérité dépend de la quantité de larves ingérées et de la qualité du traitement.

Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée réduisent les risques de complications graves.

 

Cycle de trichinella

Cycle de trichinella

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