L’Habitat traditionnel en Russie est bien sûr adapté aux conditions climatiques souvent exceptionnelles, ainsi qu’aux disponibilités locales en matières premières. Ces conditions particulières ont produit, appuyé sur une ingéniosité remarquable, une diversité non seulement pittoresque, mais aussi profondément esthétique. Le confort est un accessoire qui nous parle aujourd’hui, mais la simple survie était le premier moteur de ces constructions.
1. L’Isba
Une Isba est construite en posant, pour former au sol un carré ou un rectangle, des cadres faits de rondins (appelés venets) les uns au-dessus des autres, sans clous, en utilisant seulement la hache. Le poêle russe (Voir article à venir : "Le Poêle de Masse") est une partie intégrante de l’isba, fournissant la chaleur, un endroit pour cuisiner, un emplacement douillet pour dormir en hiver, et un habitat pour l'esprit de la maison : le Domovoï (Voir article : "les Esprits dans la Maison").
Nous viendrons en détail, dans un autre article, sur les ornementations extérieures et les éléments décoratifs de ces Isbas.
2. L'Igloo
L’Igloo est une habitation traditionnelle Esquimaude ou Inuite. La population Inuite de Russie est la plus importante du monde, avec plus de 170 000 personnes, principalement dans la région de Tchoukotka.
Igloo igloo igloo ... il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres !
Mesurant jusqu'à quatre mètres de diamètre et deux mètres de hauteur, les Igloos sont faits de blocs de glace.
La neige qui elle, emprisonne de l'air, est utilisée comme isolant.
L'entrée de l’Igloo est plus basse que le sol de la pièce d’habitation, contribuant ainsi à évacuer le dioxyde de carbone, tout en conservant l'air chaud dans la pièce de vie.
Le sol d'un Igloo peut être recouvert planches et de peaux d'animaux.
Des récipients contenant de l'huile lampante, peuvent être disposés sur ces peaux pour chauffer l'intérieur.
Les igloos peuvent être très confortables. Il y a même un hôtel Igloo dans l'Extrême-Orient russe.
L’Hôtel village de Nachiki
3. Le Tchoum
Un Tchoum est une habitation utilisée par les nomades de l'Oural (Nenets, Khantys, Mansis, Komis, etc.) qui migrent avec leurs rennes. Un Tchoum est un « tepee » russe. Fait d’un entrecroisement de perches de bois, couvertes d’une double épaisseur de peaux, et aisément démontable et transportable (Voir Article « Les Nenets, la Toundra et Moi »).
À ne pas confondre avec l'Atchoum, nom qui s'applique seulement quand il y a des courants d'air.
4. Le Yaranga
Ce sont des habitations traditionnelles fabriquées par des peuples nomades sibériens comme les Tchouktches, les Youpiks, les Koryaks et les Youkaguirs. Le Yaranga est plus imposant que le Tchoum (jusqu'à cinq mètres de hauteur, huit mètres de diamètre).
Montage du Mécano Yaranga
Les Yarangas sont faits de piquets de bois disposés en cercle ; la construction des murs et plafond peut nécessiter jusqu'à 50 peaux de renne ou de morse. À l’intérieur, un abri appelé Yoronga peut être érigé.
Niché tout au fond : le Yoronga
Celui-ci est fait de peaux, et isolé d'herbe sèche pour garder les familles au chaud pendant les hivers mordants.
Pour plus d’info :
Alexandre Krupsky
5. La Yourte
Une Yourte est généralement basse pour la protéger des vents violents de la steppe. Ses murs sont constitués d'une charpente pliable recouverte de tissu.
Armature de la Yourte
Photo Wikipédia
Des poteaux ainsi cintrés forment le dôme emblématique de la Yourte. Une ouverture est pratiquée en haut du Dôme pour laisser la fumée s'échapper.
Pour l’été, les murs de tissu sont soulevés pour une aération naturelle.
L'intérieur est divisé en deux moitiés, une pour le mari et une pour l’épouse.
Cette solution technique et esthétique offre suffisamment d’intérêt pour que des constructeurs modernes puissent encore aujourd’hui proposer des Yourtes d’habitation, telle la Société Yourteco :
6. L’Aïl
Un Aïl est une maison en bois, qu’on ne trouve que dans la région de l'Altaï. Elle est faite de rondins comme l'Isba russe, mais elle peut être hexagonale ou même octogonale. Elle est couverte de peaux ou d'écorce d'arbre.
Comme une Yourte, son intérieur est divisé en deux moitiés. Grosse différence d’avec l'Isba : la cheminée qui est située juste au milieu de la cabane, et la fumée sort par un trou percé dans le toit. Traditionnellement, le sol d'un Aïl est fait de terre battue.
7. Les Saklya
Quand le Bois est Rare, on fait de Pierre.
Les cabanes Saklya sont utilisées par les populations du Caucase du Nord, en particulier en Ossétie. Elles sont construites directement appuyées sur la roche, sans fondations. Le toit est plat et la maison est souvent enfoncée dans le sol, pour la protéger des vents puissants de la montagne.
Les murs sont faits de pierres et d'argile. Les portes sont généralement très basses et la fenêtre, une petite ouverture rectangulaire, tournée vers le sud, et fermée de l’intérieur par un volet en bois.
Dans les Saklyas les plus riches, le sol est recouvert de planches.
8. La Zymlianka
On comprend bien l’intérêt de s’enterrer pour échapper au froid, et accessoirement se fondre dans la nature environnante : discrétion assurée. La tradition est antique et des constructions de ce type ont fleuri un partout dans le monde. Totalement ou semi-enterré, ce type d’abri était commun en taïga et offrait l’avantage de pouvoir y dormir sans craindre les prédateurs de toutes sortes.
9. L’Urassa
L’Urassá était la résidence d'été des Yakutes : une hutte en forme de cône faite de poteaux recouverts d'écorce de bouleau. Ces longs pieux, placés en cercle, sont fixés par le haut avec un cerceau en bois.
De l'intérieur, le cadre est teinté de brun rougeâtre avec une décoction d'écorce d'aulne. La porte est formée d'un rideau d'écorce de bouleau, décoré de motifs folkloriques.
Des lits superposés sont disposés le long du mur intérieur. Au milieu, sur le sol en terre battue, se trouve le foyer.
L’Urassa est tombé en désuétude dans le 1ᵉʳ quart du 20ᵉ siècle, mais il en subsiste quelques réminiscences, pour le folklore.
Photo Georgi Popov
Devant cette porte close, il s'écrie "quel Cône !"
Ces descriptions sont partiellement extraites d’un article de Russia Beyond (auteur
Gueorgy Manaiev), mais en les accommodant à ma sauce.
10. Les Tours Mystérieuses du Caucase
Cette partie est extraite d’un article de Gueorgy Manaiev, paru dans « Russia Beyond » (lien ci-dessous).
Erzi, un complexe de tours ingouches médiévales,
Mikhaïl Japaridze/TASS
Erzi est situé dans les montagnes du Caucase, district de Dzheirakh, Ingouchie.
Les Ingouches, les Tchétchènes et les Vainakhs, qui vivent dans le Caucase du Nord, ont probablement construit les premières tours avant même l’ère Chrétienne.
Tours dans l'ancienne ville de Niy, en Ingouchie, district de Dzheyrakhsky.
Timur Agirov (CC BY-SA 4.0)
Tours dans l'ancienne ville de Niy, Ingouchie, district de Dzheyrakhsky.
Timur Agirov (CC BY-SA 4.0)
Les tours mesuraient environ 10 à 12 mètres de haut. Le premier niveau abritait les écuries et les étables. Les planchers et les plafonds étaient en bois. Le deuxième niveau était destiné à l'espace de vie. Le niveau supérieur était un étage « invité », mais pouvait également être utilisé pour la défense.
Tour dans l'ancienne ville de Khani, Ingouchie, district de Dzheyrakhsky.
Timur Agirov (CC BY-SA 4.0)
Ce qui semble être des balcons sont en fait des points de vue défensifs. Ces « balcons » n'ont pas de plancher et servaient à faire rouler des pierres et à verser des liquides chauds sur les assaillants, tandis que l'enceinte en pierre du « balcon » protégeait les défenseurs des flèches des attaquants, l’équivalent des mâchicoulis médiévaux.
Tours de bataille dans le village de Sharoi.
Les Tours sont, pour la plus grande part, désaffectées, mais leur singularité et aujourd’hui leur rareté, justifient un regain d’attention de la part des populations autochtones.
Hotel de glaces c'est la top!