Dans cet article, vous trouverez une description du Komi, de sa géographie et de ses habitants. Avec un focus sur le Manipupuner mais aussi le Champ Pétrolier de Yarega.
Située au Nord-Est de Moscou, à environ 1500 km en son centre, le Territoire de Komi est presque aussi étendu que la France, mais peuplé de moins d’un million de personnes.
Le Komi et ses habitants
Approximativement un quart des habitants se disent Komis, petit groupe ethnique régional ; il reste aussi quelques traces des indigènes Nenets dans le nord de la République.
Mais la plupart des habitants descendent des prisonniers des goulags amenés là par Staline et autres amoureux des grands espaces, et à qui était refusé, en fin de peine, le droit de repartir vers leurs points d’origine, ça s’appelait la relégation, en pratique : l'interdiction de revoir vos proches.
Le Territoire est également peuplé de ces migrants tels les Vieux Croyants, forcés à l’exil pour éviter la contagion de leurs idées « subversives » au temps de l’Empire (voir Article à venir sur les Religions).
Enfin, il ne faut pas oublier que le territoire est aujourd'hui peuplé de ces travailleurs de cet autre esclavagisme moderne : la recherche pétrolière.
Le Komi et sa géographie
Au national comme à l’international, le territoire est surtout connu pour sa forêt vierge, forêt primitive la plus vaste d’Europe, classée UNESCO, et aussi pour sa production pétrolière, aujourd’hui en déclin.
Niché à l’est de cette immensité, un haut lieu du chamanisme et aujourd’hui devenu site touristique : Manipupuner (voir Article Le Chamanisme).
Ces gigantesques formations rocheuses ressemblent à des géants pétrifiés, figés dans le temps. Les légendes locales disent que ces géants étaient autrefois des hommes des Geants primitifs.
Une chose est certaine : ils sont impressionnants.. Entre légendes et pierres sacrées, ce site fascine.
Le Komi et sa langue
Le Komi est une langue dite finno-ougrienne, bien distincte du Russe, témoin ce dictionnaire bilingue, dont j’extrais ci-dessous quelques mots usuels, aux racines foncièrement différentes.
Tout en ayant de proches contacts avec les autochtones, je n’ai pas été en mesure d’apprécier la difficulté grammaticale, mais quand on sait que les Déclinaisons sont au nombre de 17, les voyelles 7, pas de genre, que de nombreux mots sont variables : ils changent de forme (sonore et/ou écrite) selon le contexte, que la négation s’exprime par un auxiliaire, on a ainsi une vague idée de la gageure.
Pour les curieux intéressés par cette langue et ses sonorités, je vous conseille la vidéo suivante :
et pour sa grammaire :
L’ensemble finno-ougrien
L’ensemble finno-ougrien est une famille de langues parlées en Europe, sur une zone qui s’étend de l’Oural à l’Europe Centrale, jusqu’au Nord de la Scandinavie. Seuls 25 millions de personnes l’utilisent encore, dont 15 millions de Hongrois
Comme indiqué ci-dessous, dans le synoptique des langues européo-asiatiques, les langues finno-ougriennes forment l'une des deux grandes branches des langues ouraliennes (Uralic), l'autre branche étant celle des langues samoyèdes.
Arbre généalogique des langues ouraliennes
On voit apparaître dans le tableau ci-dessous, la langue des Nenets, côté branche Samoyède, et je vous invite à vous référer à l’article « Les Nenets, la Toundra et Moi », pour plus d’anecdotes et d’informations. Au-delà de ce schéma simplificateur, la réalité est un peu plus compliquée, car on y rencontre aussi des Nenets Kominisés (Peuple Yaran) entre les Nenets et les Izhmash (Komis) et autres variantes locales !
Le Komi et le Champ Pétrolier de Yarega
Souvenir vivace d’une mine d’extraction de pétrole.
Le champ de Yarega est en fait une mine. C’est un cas très rare (trois au monde à ma connaissance) d’exploitation de pétrole par des moyens miniers, tels que ceux employés pour le charbon.
Le champ est situé près du cercle polaire, au sud de la ville d’Ukhta, au centre de la république de Komi.
Exploité aujourd’hui par la Compagnie LukOil, il est de dimension respectable de 10-12 km de long pour 4 à 5 km de large, pour une profondeur s’étageant de 130 à 300 mètres, un seul horizon épais de 70 mètres est en exploitation.
C’est un réservoir gréseux très compacté, dont l’huile interstitielle a atteint une viscosité trop élevée pour permettre une récupération traditionnelle par pompage et puits vertical.
Il est exploité en galeries larges, creusées dans la roche, sur deux horizons de profondeur différentes, non pas pour extraire la couche pétrolifère comme dans le cas des schistes bitumineux du Canada, mais pour injecter de la vapeur à un niveau et la récupérer dans la galerie du dessous.
Au niveau supérieur, près de la surface, des perforatrices coincées dans des niches disséminées au long du large couloir en pente douce, forent le grès-réservoir sur quelques dizaines de mètres, et dans différentes directions.
Quand le travail de sondage est effectué, dans ces percées sont injectés des flots de vapeur d’eau à haute pression, pour réchauffer la pierre et ses huiles, trop visqueuses pour couler naturellement à température ambiante.
Cette poussée, à travers les sédiments du réservoir rocheux, aboutit dans le second niveau inférieur, ou suinte de la paroi, un liquide un peu hideux, mais odorant et pas désagréable, composé d’eau d’injection et de pétrole fluidifié par l’apport de calories.
Le flux est récolté tout au long de la galerie pentue, dans deux goulottes latérales, creusées à même le sol, au pied des parois verticales. Le flot grossit par de nouveaux apports et son bruit, au fil de notre descente vers le point bas, couvre celui des foreuses. En fin de parcours, les 2 rigoles aboutissent à un bassin de 200 m³ environ, lui aussi taillé dans le roc.
Le tout est noyé dans un brouillard de vapeurs d’eau et d’huile. Une rapide séparation huile-eau est effectuée à ce niveau, puis l’huile est envoyée dans des bacs de stockage en surface pour un nouveau nettoyage, et l’eau est recyclée pour production de vapeur, vers des échangeurs de chaleur en une boucle continue.
La production de pétrole y est complexe, mais le volume substantiel : 1.5 million de tonnes en 2018. De plus, chaque mètre-cube produit, contient des métaux rares, qui seront extraits dans des installations spécialisées. Du titane en particulier.
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